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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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légère inflexion d’une différence originaire archi-radicale (cf. prochain chapitre) : il y aune infondation qui semble contredire la nécessaire fondation de l’être. Comme unepartie de la phénoménologie française, Henry vire vers cette présentation del’imprésentable qu’est l’altérité d’autrui sous l’angle d’une infondation quibouleversera les acquis de l’onto-phénoménologie tout entière.L’altérité relative d’autrui chez Scheler.Scheler nous offre l’opportunité d’envisager autrement une genèse fondationnelle,absente aussi bien chez Henry que chez Husserl. « Participation à la même Vie »,« Nature commune à l’intérieur d’une sphère » : autant de « concepts » prêts àreconnaître l’altérité de mon semblable comme participant de la mienne, et que Scheleraurait évité. Il écrit, au sujet de l’altérité :Il s’agit de savoir : a) si la connaissance de moi extérieurs suppose la connaissancepréalable de mon propre moi (à quoi nous répondrons : oui !) ; b) si la connaissance demoi extérieurs suppose que notre connaissance de notre propre moi est un fait primitif etoriginel (à quoi nous répondrons : non !) 1 .Avant de réunir les altérités, Wesen und Formen der Sympathie partage la perceptionde l’altérité en externe et en interne. Étant donné ses intérêts sur les possibilités de laphénoménologie <strong>du</strong> sujet moral, Scheler ne refuse pas pour autant le vocabulaire des« sphères », parlant de « sphère <strong>du</strong> psychique ». Mais « sphère » n’a aucunement ici lafonction <strong>du</strong> « propre » qui aura chez Husserl : chez Scheler il s’agit d’une métaphoreopératoire désignant non pas l’ipse, mais le rassemblement commun de certains<strong>phénomène</strong>s, qui sont homologués dans l’expérience vécue 2 .Nous apercevons la « sphère physique » dans la perception externe, et la « sphèrepsychique » dans la perception interne. Mais la sphère <strong>du</strong> psychique, comme on lepressent déjà très bien dans le titre Die Idole der Selbsterkenntnis, tout en appartenant àla perception interne n’est pas une « perception de soi ». Elle est affective, elle s’appuiesur le monde pour en révéler des signes, mais elle n’est pas « mienne » stricto sensu.Scheler argumente en effet, dans un vocabulaire qui semble annoncer <strong>De</strong>rrida, que ceque j’éprouve est d’abord dû à une « contagion 3 » venant d’un vécu particulier. <strong>Le</strong> sensde la contagion est qu’elle soit contaminée, mais aussi qu’elle contamine. La« sympathie » est remise à la connaissance préalable « de l’existence d’autres étatspsychiques [que les miens] 4 ». Scheler, tout en ne songeant à rien d’autre qu’à des<strong>phénomène</strong>s et en s’en prenant à la « psychologie expérimentale » qui rabat les signes1. M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, Paris : Payot, 2003, p. 396.2. Hartmann (en 1940, avec plus de recul) parlera d’une manière plus précise de « stratification desplans » au lieu de « sphères » à propos de la division de la réalité <strong>du</strong> monde inorganique aux étatspsychiques et à la réalité spirituelle dans La construction <strong>du</strong> monde.3. Ibid., p. 654. Ibid., p. 53.423

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