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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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choses a déterminé la difficulté de compréhension de la différence ontophénoménologiquefondamentale, limitant ainsi l’intelligibilité de l’apparaître comme<strong>fondement</strong> et l’interprétation de l’opposition de la Parole comme un enclavement 1 .Cette verbalité transitive <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> représenterait en effet sa destruction commeapparaître sans écart, et se ramènerait à une transition d’états différents, emportant lapossibilité de revenir à l’ek-stase <strong>du</strong> Dasein comme « l’être <strong>du</strong> lointain » de Vom Wesendes Grundes. Contre cette conception de Grund comme béance, Henry a toujours luttéde toutes ses forces.« Transitif » vient <strong>du</strong> latin transire qui signifie « passer outre » (d’où le français« transir », au sens de « glacer » voire « mourir de froid », pont à l’expression anglaiseto pass away). Dans la linguistique scolaire basée sur la sémantique, « transitif »indique intuitivement un « faire passer l’action <strong>du</strong> sujet à l’objet ». Dans ce sens strict,le <strong>fondement</strong> henryen n’est pas transitif. « L’identité de l’apparaître et de l’être serésume en ceci que le premier fonde le second 2 . » Pourtant, le complément d’objet del’emploi transitif ne paraît-il pas restituer un objectivisme, où l’objet serait l’être, eninstaurant une référence ostensive vers l’exteriorité ? Henry veut-il dire que del’apparaître à l’être il y a un passage d’action, que <strong>du</strong> paraître porterait à l’être ? Et celane comporterait-il pas une extériorité, un apparaître qui céderait, par son fonder, à l’être– une sortie hors de soi, une structure transcendante donc ? La grammaire ne nousrévèle-t-elle pas qu’il est temps de passer outre, de se libérer <strong>du</strong> poids sémantique ?Au même moment où l’ostension semble être la seule issue d’une approcheparatopique <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, le <strong>fondement</strong>, imprégnée d’une sémantique mondaine,semble pris entre deux feux, tous les deux engendrés par l’ostension <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>. Lasémantique mondaine est le plus décisif appui à une localisation sémantique <strong>du</strong><strong>fondement</strong>. Suite à notre parcours, elle l’oblige à rester à l’état formel et à ne pas luidonner son plein développement onto-phénoménologique.Si en effet on pense au <strong>fondement</strong> comme une rétro-référence, même déclaréecomme « concrète » ou « réelle » phénoménalement, on est obligé d’admettre celui-cisous un rapport d’inhérence ou de transitivité <strong>du</strong> champ (l’ek-stase) qu’on veut fonder.La sémantique se réapproprie entièrement de la paratopie <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, en localisant le<strong>fondement</strong> dans le bassin de sédimentation de la métaphysique elle-même. On ne doit1. Sémantiquement, s’il est vrai que le <strong>fondement</strong> ne fonde pas la construction qui se structure sur lui – ilparaît impropre de dire que les <strong>fondement</strong>s fondent la maison, ou que la maison trouve son <strong>fondement</strong>dans le(s) <strong>fondement</strong>(s) – une fondation transitive appliquerait « fonder » seulement à une activitéhumaine, en transfigurant et en rendant idéale, inaugurale et constitutive cette « effectuation » même(exemples : « des exilés grecs ont fondé Hélée au VI siècle av. J.-C. » ; « fonder une famille », etc.). Lafondation en architecture ne réintro<strong>du</strong>irait pas une transitivité en quelque sorte « plastique », puisque« fonder les piliers d’un pont » signifierait « poser les <strong>fondement</strong>s ». L’ostension est précisément larechute dans de telles modes métaphoriques, si « sémantique mondaine » (à laquelle ne correspondaucune ré<strong>du</strong>ction) et « métaphysique » sont deux expressions équidistantes d’un regard strictement(onto)phénoménologique.2. I, p. 42-43.134

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