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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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Même s’il est impossible de penser le <strong>fondement</strong> onto-phénoménologique sous latransitivité et l’immanence au même temps, il n’est pas inopportun d’indiquer quel’ostension externe indique nécessairement « passage », et ensuite, à la limite, unpassage extérieur. Et la raison dépend d’un caractère paratopique propre à tout verbe.Dans notre cas, concernant « fonder », s’il renvoie, même étymologiquement, àl’architecture, demandons-nous : quel rapport entretient la construction architecturaledans son ensemble à son « <strong>fondement</strong> », si elle est envisagée sous une non-extériorité ?<strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> (ou « les <strong>fondement</strong>s ») assure la stabilité de la construction quant àl’ensemble de sa tenue sur le terrain de l’édification. Il n’assure pas seulement un« sol » (dans le double sens <strong>du</strong> sol qui est dégagé pour faire place à ce nouveau « sol »comme parterre qui est établi dans son périmètre), puisqu’il garde la tenue de l’édificetout entier, voire de la réalisation de sa construction.La causalité immanente : initiation à la résolution de la dernière aporie.Sans les ambages <strong>du</strong> projet d’instauration <strong>du</strong> Kantbuch (= la Grundlegung), lamétaphore architecturale au sens plastique nous permet donc de ne pas retomber nonplus dans le danger ostensif. Si elle nous con<strong>du</strong>it un pas hors la grammaire, samétaphoricité ne la rend pas non plus tenable telle quelle : elle demande pourtant lanécessité d’expliquer cette relation fondamentale sans une transition. Chez le jeuneHenry, cette réflexion est inspirée par le concept spinoziste de la causalité.Même sans parler <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, la « cause » (dont Henry ne s’appropriera jamais)fournit d’après J.-M. Longneaux la résolution de la problématique de la« relationnalité » de l’apparaître. Henry reprendrait, en la transposant dans unephénoménologie de l’apparaître pur, l’idée panthéiste de la causalité immanente : « àl’inverse de la causalité transitive, la cause ne se tient plus en dehors de ses effets. Ou sil’on veut, l’effet n’est plus mis à distance de sa cause, il ne doit pas s’expliquer enrecourant à une raison d’être qui lui serait extérieure. Il n’y a plus d’extériorité 1 » –« causa immanens, non vero transiens 2 ». <strong>Le</strong> commentateur ne le s’y arrête pas, maisce problème revitalise, plus essentiellement et d’un point de vue nouveau, le fameuxproblème <strong>du</strong> rapport de la substance à ces modes finis. La paratopie de « <strong>fondement</strong> »henryen se trouve ainsi, à la limite de son aporie, à devoir rendre compte, presquecomme une nouvelle odyssée philosophique, de l’une des plus grandes difficultés de lapensée de tous les temps, à savoir de la relation entre naturans et naturé. D’autant plusle <strong>fondement</strong> est sur le point de promettre la résolution d’un nœud foncier et séculaire,d’autant plus il risque à chaque passage une rechute dans ses obscurités et dans desP. Geurthner, 1951, à la référence « transitivité ».1. J.-M. Longneaux, Étude sur le spinozisme de Michel Henry (essai publié dans le volume BS), p. 251.2. B. Spinoza, Éthique, I, prop. 18, (Paris : Flammarion, 1965, p. 44).136

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