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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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devenue théorie de l’existence 1 ».L’avancée accomplie par le premier ouvrage de Henry dans cette direction est doncaussi radicale que celle accomplie dans le cogito comme « passion ». Et pourtant, enraison des archaïsmes <strong>du</strong> lexique et même de la doctrine de Biran lui-même 2 , Henry n’ajamais été plus proche d’un incroyable rétablissement de la catégorie métaphysique parexcellence (la causalité) à travers une immanentalisation de cette même catégorie : la« causalité » est certes assumée dans l’immanence <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> mais, en même temps,elle est faite surgir à partir même de son « s’apparaître » qui révèle, par son pouvoir dese mouvoir, autre chose que soi (d’où la première intentionnalité comme nonintentionnelle,non intuitive) comme la genèse de ce même paraître. D’ici le sens de lacatégorie de causalité, qui reste pour Henry, comme pour Biran, la première catégorie<strong>du</strong> Je peux.La <strong>du</strong>alité chez Biran comme problème ontologique de la passivité.Or, comment la catégorie de cause devient-elle l’idée de cause ? Pour répondre àcette question, nous devons mobiliser la théorie biranienne (reprise par Henry demanière originale) <strong>du</strong> double emploi des signes. Mais, avant de procéder de la sorte,nous devons approfondir une notion qui, après avoir traversé nos pages, se présente iciavec plus d’urgence, et qui est tout à fait capitale : la passivité.<strong>De</strong>mandons-nous donc : comment je peux m’éprouver comme agissant, mais commepassif ? Ne s’agit-il pas d’une contradiction évidente ?Il faut prendre cette question dans son ensemble. Comme nous l’avons évoqué auchapitre précédent au sujet de <strong>De</strong>scartes, certains « blancs » dans la lecture henryennede Biran peuvent nous aider (il ne s’agit pas de « reprendre » ou d’« enseigner »quelque chose à partir de ce que Henry « n’aurait pas vu », mais d’effectuer son choix ànouveau sur la base <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>) à déterminer 1) la raison qui pousseHenry à insister sur des notions <strong>fondement</strong>ales même dans la genèse fondationnelle, et2) la raison expliquant la <strong>du</strong>alité primitive comme non-<strong>du</strong>aliste, mais immédiatement« relationnelle » sur l’effort, en vertu de la « découverte » d’un <strong>fondement</strong> phénoménal.La question, de surcroît, est massive : pourquoi Henry a-t-il essayé de recon<strong>du</strong>ire àl’œuvre <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> un <strong>fondement</strong> absolu ce que Biran tendait à conserver commeune <strong>du</strong>alité irré<strong>du</strong>ctible ? <strong>Le</strong> nœud critique, on le verra, se concentrera sur le problèmede la passivité (qui est déjà passé au travers de la deuxième partie, sans jamais avoir étéconsidérée), et sur la différence entre « séparation » et « distinction ».1. PPC, p. 45.2. Que Henry reconnaît lui-même, PPC, p. 16. Pour ne citer qu’un passage : « puisque enfin le jugementd’extériorité, que plusieurs philosophes ont considéré comme le véritable rapport simple et fondamental,repose sur lui comme sur sa base propre et n’en est lui-même qu’une extension. Enfin il est le seulrapport fixe, invariable, toujours identique à lui-même, puisque n’admettant aucun élément variable,étranger [...] » (M. de Biran, Essai, cité par B. Bégout, Maine de Biran. La vie intérieure, Paris : Payot &Rivages, 1995, texte 2, p. 63).376

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