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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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Si nous demandons alors, à propos de ce dernier [l’apparaître], ce qui nous permetd’aller droit à lui, quelle voie con<strong>du</strong>it à l’apparaître en tant que tel, alors il n’est d’autreréponse que celle-ci : l’apparaître lui-même ! C’est l’apparaître pur en tant que, de luimême,par lui-même et en lui-même, il apparaît, c’est lui qui, dans son auto-apparaître,nous prenant par la main en quelque sorte, nous con<strong>du</strong>it en effet jusqu’à lui 1 .<strong>Le</strong> quod (l’objet) est le quomodo (le « Comment fondamental ») 2 . Il y a « une seulequestion, qui est la question même de la phénoménologie [...] : comment les choses sedonnent-elles à nous ? - de telle façon que l’objet de la phénoménologie, c’est ceComment lui-même comme tel », et que c’est une question qui « nous invite » à« repenser la phénoménologie elle-même dans son ultime <strong>fondement</strong>phénoménologique 3 ». S’il est évident donc que la phénoménologie historique ne s’estpas posée le problème de l’apparaître pur, si elle a toujours pensé de viser les chosessans « viser » jamais l’apparaître pur en tant que tel (en se configurant donc comme unmonisme ontologique, comme un seul mode d’apparaître à l’œuvre dans la distanceentre le connaissant et le connu), l’apparaître comme <strong>fondement</strong> coïncide pour Henry àl’apparaître de l’apparaître, manqué aussi bien par la fondation ambivalente de Husserlque par la Fundamentalontologie de Heidegger.En voulant pousser l’interprétation henryenne à l’extrême, Husserl se serait tenu unconcept opératoire <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> puisqu’il aurait fait un concept opératoire del’apparaître ou de la phénoménalité comme telle, sans comprendre que le Gegenskundein Wie des <strong>Le</strong>çons sur la conscience intime <strong>du</strong> temps aurait dû être « le comment de ladonation » <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>, et non pas la donation noétique d’un contenu noématique.Cette série de radicalisations/glissements faite par Henry, sans doute originale, restenéanmoins une exigence eidétique : « le Comment de la donation <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong>, c’estsa phénoménalité pure, non ce qui apparaît mais le mode de son apparaître, c’est-à-direfinalement cet apparaître comme tel ». Et le fait que cet apparaître n’a pas son pouvoirde paraître dans la chose, mais dans l’apparaître lui-même, fait que « la question del’apparaître de l’apparaître lui-même […] de la phénoménalisation effective de laphénoménalité comme telle, est la question de la phénoménologie, sa “chose même” 4 ».Certes, au sens phénoménologiquement fort de cette démarche, Henry excède leretour aux « choses mêmes » par une torsion portant sur le mode des « chosesmêmes » : « les choses » sont retrouvées grâce au « comment des choses » del’apparaître – qui, on le sait, ne peut nullement être Ding, mais pas non plus Sache : dece point de vue, l’interprétation henryenne est un étrange bouleversement de l’objetposé par l’évidence husserlienne. Cette surinterprétation n’est pas, <strong>du</strong> moinsformellement, ré<strong>du</strong>ctible à un malenten<strong>du</strong>.1. I, p. 45.2. EM, p. 69. Cf. P. Audi, Michel Henry, op. cit., p. 70.3. PM, p. 159.4. « Phénoménologie non intentionnelle » (1992), dans PV I, p. 107-108. C’est Henry qui cite E. Husserl,<strong>Le</strong>çons pour une phénoménologie de la conscience intime <strong>du</strong> temps, Paris : PUF, 1964, p. 157.99

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