12.07.2015 Views

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

même dans la deuxième philosophie : « la phénoménologie voulait substituer à uneontologie spéculative, dont la construction consistait principalement en un jeu deconcept, une ontologie phénoménologique, dont chaque thèse reposerait au contrairesur une donne incontestable 1 ». C’est à ce point qu’intervient péremptoirement lamétaphore de la fulguration : « c’est l’objet qui constitue la méthode. Comme l’éclairqui fend la nuit, c’est sa propre lumière qui le fait voir 2 ».Nous avons donc encore une métaphore concernant la lumière de l’être, simplifiéepar rapport à celle de Généalogie de la psychanalyse – et étonnante certes, pour unpenseur de la Nuit et de l’invisible comme Henry 3 . Cette fois-ci elle est transposée surle plan de la méthode. C’est la méthode qui « constitue » (fonde) l’objet, et cela,comme le révèle le choix ici <strong>du</strong> mot « constitution » plutôt que celui de « <strong>fondement</strong> »,en le « bâtissant », en en montrant sa capacité de constitution (« auto-apparaître »), ouen essayant d’en interpréter l’idée d’éclair : ce qui illumine, d’avec soi, et les toits desmaisons et le noir de la nuit qui en rend possible la révélation. Mais la méthode nesubordonne pas à son tour le <strong>fondement</strong>, puisque l’onto-phénoménologie même résidesur la possibilité de ce dernier d’éviter de ré<strong>du</strong>ire l’être à une apparence ou à une séried’apparitions déliées de leur manifestation (à savoir, une phénoménologie sansontologie), d’où la théorie henryenne de la phénoménalité double.Un tel appui sur le procès de la venue au <strong>phénomène</strong> (l’apparaître henryen est ausens verbal 4 ) afin de « fonder » onto-phénoménologiquement des apparaissants, soulèvedes problèmes et des pistes que notre parcours se donnera pour tâche d’essayer derésoudre et de parcourir. « Qu’est-ce donc, en effet, qui rend possible les <strong>phénomène</strong>sdans l’apparaître, qui a préalablement déployé sa propre essence à lui [...] son auto-apparaître » (I, p. 43).L’assujettissement unilatéral « de l’ontologie à la phénoménologie », que nous désignons par la formuled’onto-phénoménologie (comme si la science des <strong>phénomène</strong>s en décelait <strong>du</strong> même coup celle de l’être)se fait dans une pensée <strong>du</strong> premier principe, qui a eu le mérite de porter une ontologie « à la présence »d’une phénoménologie ; mais elle n’a pas annulé leur corrélation « et cela non pas dans le dessin dedisqualifier l’ontologie, et notamment l’ontologie traditionnelle, mais au contraire de lui assigner un<strong>fondement</strong> assuré » (ibid.). La phénoménologie devrait veiller à donner un <strong>fondement</strong> à l’ontologie, maissans, pour cela, limiter les potentialités d’une ontologie ; plutôt en lui restituant son mode comme fondé.D’où la conséquente compossibilité de deux phénoménologies. <strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> est ce qui assurel’assujettissement de l’une à l’autre, sans mutuelle co-fondation.1. I, p. 44.2. I, p. 45.3. Cf. infra, § 14.4. Sans toutefois avoir le sens transitif, comme le « j’existe quelque chose » que Lévinas reconnaîtcomme étant la grande découverte de l’être heideggérien. « Je n’ai jamais employé le mot temps à propos<strong>du</strong> procès interne de la vie. Il est vrai qu’il y a un procès, […] tout le contraire d’une tautologie, c’est unprocès [...] », PV IV, p. 218. La « communauté d’essence de l’être et de l’apparaître », remarque J.-F.Lavigne, a une « condition » : « que l’être soit au préalable interprété comme un processus, et soit ren<strong>du</strong>par là ontologiquement homogène à celui d’apparaître » (J.-F. Lavigne, « La matière vivante... », op. cit.,p. 196). « Ontologiquement homogène », mais aussi porteur d’une « hétérogénéité » phénoménologique(l’apparaître n’est pas de l’être). Se contenter d’une « homogénéité » équivaut plutôt à homologuer le<strong>fondement</strong> à l’être et vice-versa : si tout était vraiment homogène, même l’être devrait apparaître commefondeur de l’apparaître. Henry lui-même pense simultanément une hétérogénéité, PV I, p. 79. Cf. infra,sous paragraphe « <strong>Le</strong> deuxième aspect formel :... ».88

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!