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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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est ainsi « une énigme dont nous savons » : elle puise à une source vitale. Henry dit quele savoir scientifique « puise sa réalité » à la même source, <strong>du</strong> moins en partie. Toutsavoir est finalement dans la vie, fondé en tant qu’il est lui-même l’expression del’auto-dépassement de soi. Tout savoir est fondé dans la vie, qui est le « pouvoir » sousjacentà l’indivi<strong>du</strong>. Abstraire, mais aussi bien analyser, etc., la vie n’est susceptible de lefaire, qu’en actualisant des puissances appartenant déjà au vivant, de façon à coïncideravec ces capacités fondamentales de l’intelligence et à pouvoir les mettre en œuvre.Ceci est l’ensemble général de la phénoménologie <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> au début <strong>du</strong> procèsde déréalisation. Certes, une telle position, que nous avons suivie afin de rendre compted’une onto-phénoménologie fondationnelle de première importance, n’est pas exemptede nœuds critiques voire de dérapages déjà à partir d’elle-même (avant de considérerson propre problème). Il y a chez Henry une critique d’autres formes de pratiques(télévision, informatique, pornographie, commercialisation <strong>du</strong> football...) qui sontrejetées, et qui constituent sans doute le côté plus édifiant, fragile et finalement gênantde son argument. En s’érigeant en maître de l’objet <strong>du</strong> savoir onto-phénoménologique,il le transforme en la phénoménologie de l’être comme objet : il devient « mauvaismaître », au sens propre. Un tel risque appartient en partie à la phénoménologie. Si satâche est celle d’une critique de l’objectivisme, la difficulté réside dans unedétermination précise de l’objectivisme. Nous croyons que, en régime de <strong>fondement</strong>, lasingularité vitale l’emporterait au fond toujours : c’est ce que la phénoménologie <strong>du</strong>monde ne voit que difficilement, et bizarrement Henry n’y échappe pas. Chez Henry,même la ligne de partage entre une œuvre d’art et son objectivation peut s’avérer être lesimple passage de formes de communication dans un écran comme s’il était l’écran àfaire la communciation et l’objet, oubli de l’immédiateté et de la présence vivante 1 ...Plus compréhensible, mais aussi insoutenable que celle de l’informatique (n’y a-t-ilpas des potentialités cachées dans l’exploitation d’une technique ?), la critique de lapornographie, spécialement dans les preuves que désormais le cinéma d’auteur en adonné (Intimacy de P. Chéreau ou <strong>Le</strong>s Idiots de L. von Trier, pour ne citer que deuxtitres parmi les moins négligeables). Ce qui rend au moins les parties les plus virulentesde ce pamphlet non pas seulement velléitaires, mais, plus fortement, la preuve aussi queHenry établit une « pensée lente » (pour reprendre le mot de Bataille contre Sartre)incapable de réintro<strong>du</strong>ire les ressources même de la vie ni de rendre les connectionsqu’elle peut établir – par exemple dans le « mixage » qu’elle peut faire de l’art et <strong>du</strong>kitsch, <strong>du</strong> beau et <strong>du</strong> laid, capables de réinscrire les règles ou les critères mêmes de la« fuite » de la vie, de la barbarie, et finalement aussi de la culture. Celle-ci n’est sansdoute pas chez Henry underground, au sens fondamentale d’une communauté esseuléeamante de la beauté : puisqu’ici elle serait on ne pourrait plus sectaire. Il s’agirait parcontre, pour nous, de la penser comme traversant les courants dominants dans des artsmême hautement populaires comme la musique ou le cinéma même, comme étant des1. B, p. 6 (intro<strong>du</strong>ction à la seconde édition écrite en 2000).396

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