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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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savaient quelque chose, ils nous guériraient 1 ».<strong>Le</strong> <strong>fondement</strong> relie dans l’œuvre henryenne le Verbe à sa philosophiephénoménologique ; ou, si l’on préfère, rend phénoménologiquement la Parole <strong>du</strong>Christ sans les ambages d’un savoir initiatique ou religieux, puisqu’il met en cause lemême mouvement de dévoilement <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> monde en le pensant comme dansun dire ne voulant dire que son propre pouvoir de Dire 2 – étant donné que, au fond,« les discours sont fatigués 3 ».<strong>Le</strong> paradoxe de l’interrogation sur le <strong>fondement</strong> : l’hypothèse bipolaire initiale.Ces quelques considérations con<strong>du</strong>isant à penser le rapport de la Parole au langage<strong>du</strong> monde sous l’angle de la position phénoménologique henryenne, suffisent à nouslivrer à un ensemble de problèmes encore très obscurs, tournant autour <strong>du</strong> <strong>fondement</strong> etde l’opposition <strong>du</strong> <strong>phénomène</strong> (révélation) au <strong>phénomène</strong> <strong>du</strong> monde, de la Parole aulangage <strong>du</strong> monde. Nous n’avons pas hésité, toutefois, à penser que le motif« <strong>fondement</strong> » s’avère celui véritablement décisif, étant donné que la Parole constituel’intelligibilité même de ce caractère premier, originaire, « fondamentale » justement,mais qu’elle doit être à même de dire. Considérer en effet l’opératIbidté d’une« parole » (« <strong>fondement</strong> », « opposition ») à l’intérieur de la Parole, impliquerait lasuppression instantanée de celle-ci et le retour <strong>du</strong> langage mondain. Décréter qu’uneémancipation <strong>du</strong> Dire ou bien qu’un retour à un langage mondain appartiennent donc au1. FR, p. 40.2. Concernant la possibilité d’écrire une étude (et donc d’élaborer ce qui semble une théorisation sur lemanque de théorisation) sur le « <strong>fondement</strong> » chez Henry, notre parcours reprend, au fond, l’esprit qui futpropre à notre auteur dans une belle page (peu connue) de son mémoire de jeunesse. Il s’agit ici d’unesorte de brève note méthodologique, qu’il posa en deçà de la phénoménologie (qu’il connaîtra vraimentdans les années suivantes), mais, croyons-nous, non pas en antithèse. Elle concerne la possibilité qu’eutSpinoza de penser le bonheur. Spinoza offrit, pour le jeune Henry, l’exemple d’un cadre strictementconceptuel (le rationalisme spinoziste), comme projetant, paradoxalement, un dépassement del’expérience. <strong>Le</strong> danger majeur, c’est qu’on se sentirait, à ce stade, légitimé à faire dire à une tellephilosophie, si biaisée par des concepts (Substance, Nature, Dieu...), n’importe quoi, la remettant àl’arbitraire et aux spéculations. Henry, en 1943, affirme que ce qui permet la sauvegarde <strong>du</strong> dépassementpar la réalité sur le « concept » (qui dans notre cas serait par exemple celui de « <strong>fondement</strong> »), c’est cequi résiste à une recherche rigoureuse pour autant que le rapport entre les concepts et l’expérience serévèle nécessaire à son expression – à savoir, pour autant que ce rapport d’expression est interrogécomme essentiel. <strong>Le</strong>s mots ne sont pas des coquilles vides, et les expériences qu’ils « véhiculent » nerestent pas à l’état d’une indication d’un cheminement conceptuel. Il faudra donc prendre au sens fort etsérieux le <strong>fondement</strong>, comme Henry le fit d’avec la Substance spinoziste, même si on le fait pour endégager autre chose (le bonheur par exemple dans ce mémoire comme confluence de l’ipséité de laSubstance et de l’éthique). Suivant les mots henryens : « ne faut-il pas mettre ces concepts en rapportavec l’expérience dont ils procèdent et qu’ils tentent de justifier, pour avoir une chance d’en comprendrela signification véritable […] ? » (BS, p. 44-45). <strong>Le</strong>s concepts renferment la réalité de l’expérience« d’où ils procèdent ». D’où, par exemple, la légitimation d’un spinozisme livré à une « significationexistentielle » <strong>du</strong> concept de Substance comme « ce qui existe sans conditions, en soi, par soi » (BS, p.31).3. Ecclésiaste 1, 8.63

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