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F.P. De Sanctis - Le phénomène du fondement

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fonde l’histoire, et <strong>du</strong> travail vivant, unité de mesure et <strong>fondement</strong> de la scienceéconomique. L’indivi<strong>du</strong> serait, d’après Ricœur, déjà concerné par son histoire, et letravail vivant déjà pris par les moyens de pro<strong>du</strong>ction et par la société tout entière. Sousl’angle de l’indivi<strong>du</strong>, chez Marx serait visible une question portant sur une synergie del’indivi<strong>du</strong> conçue sans fondation.Dans son caractère général, la position de Ricœur ne consiste pas, comme celles quinous ouvrirent la structuration <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>, à opposer une thèse proprementantinomique à celle de Henry ; de manière analogue, il n’est pas possible de renverserla position de Ricœur en se posant au fond de celle-ci, en en faisant la généalogie,puisque le propos est maintenant fondationnel et non pas riposteur. Dix ans après unedispute à distance entre Sartre et Foucault au sujet de l’indivi<strong>du</strong>, de l’histoire et de l’apriori historique 1 , ce débat porte plus originairement sur cette sorte d’« extension » queRicœur tente d’apposer au <strong>fondement</strong>, où se joue en partie un premier « différend » <strong>du</strong>débat sur l’inconscient, postérieur et plus « radical » <strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> <strong>fondement</strong>,mais moins décisif <strong>du</strong> point de vue de la fondation.« Ma question est proche de celle <strong>du</strong> Père Dubarle », commence Ricœur. Et ilrésume ainsi son propre nœud crucial : « nous ayons affaire à des indivi<strong>du</strong>s spontanés,mais qui ont toujours été déterminés par quelques circonstances, qui sont toujours déjàentrés dans des relations qu’ils n’ont pas faites 2 ». C’est donc la formulation la plusgénérique de l’objection <strong>du</strong> P. Dubarle, qui portait déjà sur l’existence de l’économiequi « régit notre con<strong>du</strong>ite à chaque instant de notre existence 3 ». À ce moment, il estfacile de prévoir que Henry fasse valoir le droit de fonder une telle positionantinomique à la sienne. Ainsi il répondit (en terminant ainsi la discussion avecDubarle, juste avant l’intervention de Ricœur) : « précisément parce que cesdéterminations économiques ont leur réalité dans notre existence, dans des moments denotre existence, dans ce que nous sommes et ce que nous faisons, elles ne sont passéparables de notre être 4 ». Tout étant impliqué dans la réalité économique, on devraitdire le même au sujet de l’histoire. Mais comment interpréter le « toujours déjà » deRicœur ? Pourquoi devrions-nous être dans des conditions, si nous sommes en quelquemesure, selon Henry, ces conditions ?Dans son compte ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> Marx, l’argumentation semble être encore plus forte : lapraxis a été « depuis toujours articulée par des représentations, des normes, dessymboles, bref [...] des structures sémiotiques 5 ». Par exemple, pour reprendre ainsil’argument <strong>du</strong> P. Dubarle sur l’économie : si nous sommes dans l’économie, on peutconcevoir un changement, par exemple un passage de l’économie « originelle » à1. M. Foucault, « L’homme est-il mort ? », Arts, 15, juin 1966 ; et « Jean-Paul Sartre répond », entretiende Sartre avec B. Pingaud, L’Arc, 1966, n. 30, p. 87-96.2. PV III, p. 101.3. PV III, p. 100.4. Ibid.5. P. Ricœur, « <strong>Le</strong> Marx de Michel Henry », dans Esprit, octobre 1978 ; réédité dans <strong>Le</strong>ctures 2. Lacontrée des philosophes, Paris : Seuil, 1999, p. 265-293, citation p. 268.407

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