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Note de l'autour

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Pendant quelques instants, je restai allongé, sonné, tenté par<br />

le soulagement bienvenu que m’apporterait la perte <strong>de</strong><br />

conscience. Mais je refusai. Avoir survécu jusqu’à la terre ferme<br />

<strong>de</strong> la forêt nkumaï me poussait à ne pas renoncer à mon<br />

évasion. Combien <strong>de</strong> temps mes poursuivants mettraient-ils à<br />

<strong>de</strong>scendre par l’échelle ? Et combien <strong>de</strong> temps leur faudrait-il<br />

ensuite pour arriver jusqu’à moi ? Pas longtemps, décidai-je, et<br />

je me libérai du filet.<br />

J’y laissai un bout d’intestin, et les boyaux encore tachés<br />

cherchaient à s’échapper par ma blessure béante à chaque pas.<br />

Seule une main constamment appuyée sur mon ventre les y<br />

maintenait. Je m’éloignai en titubant dans une direction qui me<br />

mènerait, je l’espérais, à la mer. J’avais perdu tout sens<br />

intellectuel <strong>de</strong> l’orientation ; j’espérais que mon instinct me<br />

gui<strong>de</strong>rait dans la bonne direction.<br />

Si mon cerveau ne fonctionnait pas bien, je me rappelle<br />

néanmoins avoir au moins tenté <strong>de</strong> dissimuler ma piste. Je<br />

trouvai un ruisseau où je m’arrêtai le temps <strong>de</strong> rincer ma<br />

blessure – l’eau froi<strong>de</strong> frappa mes tripes comme une massue –<br />

puis je suivis son cours sur une longue distance. J’y buvais <strong>de</strong><br />

temps en temps, ce qui paraissait me rafraîchir, jusqu’au<br />

moment écœurant où l’eau atteignit mon intestin sectionné. Je<br />

renonçai vite à boire.<br />

Quand le bruit du ruisseau <strong>de</strong>vint assourdissant, j’étais trop<br />

abruti pour comprendre ce que cela signifiait. La chute d’eau me<br />

précipita dans l’obscurité, et je tombai dans la rivière en<br />

contrebas dans une gran<strong>de</strong> gerbe d’éclaboussures. Encore une<br />

fois, je manquai perdre conscience et je me serais peut-être<br />

noyé, mais le courant était vif et je sus rester éveillé et à flot<br />

assez longtemps pour atteindre l’autre rive. Dans l’eau, je perdis<br />

le couteau que j’avais réussi à conserver dans ma chute. Je m’en<br />

fichais un peu à ce moment-là. Je dormis <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la<br />

rivière, sur la berge, en pleine vue.<br />

Je me réveillai alors que le soleil perçait timi<strong>de</strong>ment à travers<br />

les feuilles en haut <strong>de</strong> la forêt, et je restai conscient le temps <strong>de</strong><br />

ramper jusqu’à un épais buisson dans lequel on ne pouvait me<br />

voir d’en haut.<br />

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