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Note de l'autour

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Je me levai. Je savais que le bord <strong>de</strong> la tour se trouvait tout<br />

près dans toutes les directions. Mais je ne pouvais pas faire le<br />

pas.<br />

« Lanik, murmura Helmut d’une voix <strong>de</strong> nouveau jeune et<br />

innocente. Lanik, je pense vraiment que le sable te soutiendra. »<br />

Une main douce et fraîche saisit l’intérieur <strong>de</strong> ma cuisse tandis<br />

que je restais là, tremblant à l’idée <strong>de</strong> ce que je <strong>de</strong>vais faire. « Je<br />

veux que le sable te soutienne.<br />

— Moi aussi.<br />

— Alors saute tant qu’il fait noir. »<br />

Il ôta sa main et je me dirigeai vivement vers le bord. Puis<br />

soudain je posai le pied dans le vi<strong>de</strong>. Je n’étais plus à Schwartz,<br />

j’étais en Nkumaï et j’avais fait un faux pas dans l’obscurité<br />

avant <strong>de</strong> tomber sans fin entre les arbres silencieux ; tout le<br />

reste n’était qu’un rêve, tous ces mois n’étaient qu’un rêve et<br />

j’étais tombé en Nkumaï et j’allais mourir et je refusais <strong>de</strong><br />

hurler. Je laissai le vent me ballotter tandis que mon estomac se<br />

soulevait dans ma gorge et que ma vessie se libérait, et la mort<br />

était comme mille lames <strong>de</strong> terre sous moi, qui me sculpteraient<br />

et me briseraient à leur contact. Et puis j’atterris dans la douce<br />

étreinte du sable, qui s’ouvrit doucement et tourbillonna autour<br />

<strong>de</strong> moi, m’éclaboussa <strong>de</strong> chaleur et se referma sur ma tête. Là,<br />

dans l’étreinte du sable, je sentis le cœur battant <strong>de</strong> la terre, le<br />

rythme <strong>de</strong>s courants <strong>de</strong> roche bouillante sous moi, et j’entendis<br />

dans le coin le plus secret <strong>de</strong> mes oreilles un étrange chant qui<br />

disait <strong>de</strong>s milliards d’années <strong>de</strong> tourments à chercher une façon<br />

confortable <strong>de</strong> me poser et <strong>de</strong> dormir alors que les continents<br />

dansaient dans un sens et dans l’autre sur ma peau et que les<br />

océans gelaient et tombaient. Et tout en écoutant le chant <strong>de</strong><br />

cette danse à gran<strong>de</strong> échelle, j’entendais encore les mélodies<br />

discrètes du sable glissant, <strong>de</strong>s pierres qui tombaient et du sol<br />

qui se tassait. J’entendis la souffrance du roc découpé et déchiré<br />

en un millier d’endroits à la surface <strong>de</strong> ma peau, et je pleurai sur<br />

les mille morts <strong>de</strong> la pierre et du sol, et <strong>de</strong>s plantes qui se<br />

cramponnaient à la vie entre la pierre et le ciel.<br />

Des armées tonnèrent sur ma peau, la mort dans tous les<br />

cœurs, accompagnées d’arbres morts sculptés pour créer <strong>de</strong>s<br />

outils <strong>de</strong>stinés à produire davantage <strong>de</strong> mort encore. Seule la<br />

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