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Note de l'autour

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Quand il abaissa la main, les flèches s’élancèrent en un vol<br />

admirablement uniforme et précis. Elles finirent toutes dans ma<br />

poitrine et, bien que mes côtes aient arrêté <strong>de</strong>ux d’entre elles,<br />

les autres pénétrèrent profondément, quatre me transperçant le<br />

cœur et le reste ravageant mes poumons.<br />

C’était douloureux. Je savais que je n’avais pas besoin <strong>de</strong><br />

respirer, que mon cerveau pouvait survivre bien plus longtemps<br />

au manque d’oxygène que celui <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s gens. Et si les<br />

flèches empêchaient mon cœur <strong>de</strong> battre, tant qu’elles restaient<br />

fichées, elles limitaient aussi la perte <strong>de</strong> sang. Néanmoins, la<br />

blessure était assez grave et la douleur assez soudaine et<br />

violente pour que mon corps déci<strong>de</strong> qu’il en mourait et<br />

s’effondre.<br />

Ils ne se précipitèrent pas pour retirer les flèches, hélas, et<br />

mon cœur ne put donc amorcer sa guérison. Quant à les<br />

arracher moi-même, je décidai que ce serait malvenu. Je passai<br />

donc en temps ralenti – un flux modéré qui leur laissait une<br />

impression <strong>de</strong> rai<strong>de</strong>ur tandis que j’avais droit à <strong>de</strong> beaux bleus<br />

entre leurs mains, mais rien que mon organisme <strong>de</strong> Mueller ne<br />

puisse guérir <strong>de</strong> lui-même. Je me disais qu’ils se<br />

débarrasseraient sans doute <strong>de</strong> moi sous quinze minutes – ils ne<br />

montraient pas <strong>de</strong> tendance à traînasser –, ce qui représenterait<br />

pour moi cinq à six minutes <strong>de</strong> temps subjectif et me laisserait<br />

quelques secon<strong>de</strong>s pour ôter les flèches et me soigner avant que<br />

mon corps ne commence à souffrir du manque <strong>de</strong> sang. Je<br />

pouvais vivre un certain temps sans respirer, mais le sang <strong>de</strong>vait<br />

circuler.<br />

Ils prirent leur temps et, l’espace d’un instant affreux, tandis<br />

que nous passions <strong>de</strong>vant un four, je craignis qu’ils ne<br />

pratiquent la crémation, auquel cas les jeux étaient faits. À la<br />

place, ils me jetèrent dans une fosse, arrachèrent les flèches <strong>de</strong><br />

mon torse, rouvrant mon cœur qui avait commencé à se<br />

refermer autour mais lui permettant enfin <strong>de</strong> commencer à<br />

guérir correctement. Dès qu’ils eurent fini <strong>de</strong> me lancer <strong>de</strong>s<br />

pelletées <strong>de</strong> terre, je repassai en temps réel, écartai un peu la<br />

terre et restai un moment allongé à récupérer. Une fois en<br />

condition raisonnable, je basculai <strong>de</strong> nouveau en temps<br />

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