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là-bas la pauvreté ne manquait pas <strong>de</strong> dignité, puisque les<br />
Schwartz étaient en réalité vêtus <strong>de</strong> soleil et d’air.<br />
Dehors, même les fleurs se révélèrent <strong>de</strong>s ronces et <strong>de</strong>s<br />
herbes grises et poussiéreuses. La cahute était branlante, au<br />
bord <strong>de</strong> l’effondrement. Il n’y avait pas trace <strong>de</strong> crevasse dans le<br />
sol, et la pluie, comme le séisme, était une illusion.<br />
Il n’y avait donc aucun doute, An<strong>de</strong>rson était bien le pays que<br />
je cherchais. Et pas <strong>de</strong> doute non plus, ma décision était la<br />
bonne. S’il existait un négatif <strong>de</strong> ce que le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vait être,<br />
c’était An<strong>de</strong>rson : tout s’annonçait beau mais se révélait sordi<strong>de</strong>,<br />
méchant et meurtrier.<br />
Je regagnai la maison, la minuscule pièce en appentis qui<br />
dans cette illusion faisait office <strong>de</strong> chambre, et je pris le couteau<br />
<strong>de</strong>s mains du vieil homme. Puis je repassai en flux réel. Il se<br />
transforma <strong>de</strong> nouveau en fille, mais elle se redressa soudain en<br />
se tenant la main car je lui avais fait mal en retirant si vite<br />
l’arme. Elle me regarda, et son visage exprimait la surprise. Je la<br />
frappai à l’entrejambe, et soudain ce n’était plus que le vieil<br />
homme allongé par terre à se contorsionner.<br />
« Qui es-tu ? s’écria-t-il. De quel rêve sors-tu ?<br />
— Le tien », répondis-je.<br />
Reprenant le <strong>de</strong>ssus sur la douleur, il me lança<br />
méchamment : « Je produis <strong>de</strong>s rêves meilleurs même dans<br />
mon sommeil. Je te croyais réel, vu la peur que ce tremblement<br />
<strong>de</strong> terre t’a inspirée. »<br />
Je me baissai et lui caressai la gorge <strong>de</strong> la pointe <strong>de</strong> son<br />
couteau en bois. Puis, soudain, je sentis <strong>de</strong>s mains se refermer<br />
sur mon cou par-<strong>de</strong>rrière. Je me maudis d’avoir été si bête et<br />
basculai en temps accéléré. L’homme disparut <strong>de</strong>vant moi et je<br />
le retrouvai penché sur mon dos, à essayer <strong>de</strong> m’étrangler. Je lui<br />
fis lâcher prise puis passai <strong>de</strong>rrière lui ; dès que je fus à nouveau<br />
en flux normal, je le pris par le col et le poussai <strong>de</strong> la chambre<br />
dans la cuisine. Il hurla pendant toute l’opération : je lui avais<br />
brisé les doigts en l’arrachant à mon cou en temps accéléré.<br />
Mais ses illusions s’étendaient jusqu’au sens du toucher, et<br />
soudain il fut <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong>rrière moi, muni du couteau cette<br />
fois, frappant au niveau <strong>de</strong>s reins. À ce moment-là, j’en avais<br />
assez <strong>de</strong> la douleur et, au lieu <strong>de</strong> le combattre, je quittai la<br />
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