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Note de l'autour

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Pourtant, dans les airs, j’exultais. Même si je mourais<br />

maintenant, j’aurais accompli le premier et le plus grand<br />

œuvre ; j’y avais survécu, ne serait-ce que pour quelques<br />

instants ; j’avais entendu le cri le plus terrible <strong>de</strong> la terre, et<br />

j’avais survécu.<br />

Puis, en retombant, je prêtai l’oreille et me rendis compte que<br />

le cri n’était pas achevé. Je l’entendais encore, même dans les<br />

airs, sans être relié à la terre. Si je survivais, je l’entendrais à<br />

jamais.<br />

J’atteignis le sable et il m’accueillit, il me soutint et me laissa<br />

m’enfoncer lentement ; puis, enfin, je fus à nouveau étendu à la<br />

surface <strong>de</strong> la terre, au repos, bien que condamné à ne plus<br />

jamais connaître la paix. La terre ne me pardonnerait jamais, le<br />

roc ne me pardonnerait jamais d’avoir trahi sa confiance. Mais,<br />

s’il ne pardonnait pas, il me supportait encore. Il connaissait<br />

mon cœur, et il souffrirait que je vive. Tant que je souhaiterais<br />

continuer à vivre, la terre me le permettrait.<br />

Les Schwartz étaient étendus autour <strong>de</strong> moi. Au bout d’un<br />

long moment, je vis qu’ils pleuraient. Puis, bizarrement, je me<br />

rappelai Mwabao Mawa entonnant le chant du matin <strong>de</strong>puis son<br />

promontoire en Nkumaï. La mélodie défilait sans fin dans ma<br />

tête. Pour la première fois, je compris la beauté entêtante <strong>de</strong><br />

cette chanson. C’était celle d’un assassin qui rêvait <strong>de</strong> mourir.<br />

Celle d’une justice désirée mais pas encore rendue.<br />

Nous étions étendus là, tous épuisés au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> tout<br />

mouvement.<br />

Des heures plus tard – ou était-ce le len<strong>de</strong>main, ou plusieurs<br />

jours plus tard ? – le vaste nuage <strong>de</strong> vapeur qui était monté <strong>de</strong> la<br />

mer vers le ciel au-<strong>de</strong>ssus d’An<strong>de</strong>rson en train <strong>de</strong> sombrer<br />

arriva sur Schwartz, et pour la première fois <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s milliers<br />

d’années, il y plut, et l’eau toucha les montagnes riches en fer, et<br />

l’eau coula dans le sable, le refroidit, et l’eau se mêla aux larmes<br />

sur le visage <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Schwartz et les effaça, et Helmut<br />

se leva et vint à moi dans l’orage.<br />

« Lanik, tu as survécu.<br />

— Oui », répondis-je parce qu’il disait en réalité « Lanik, je<br />

t’aime et tu es toujours vivant », et je voulais dire : « Helmut, je<br />

t’aime et je suis toujours vivant. »<br />

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