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Note de l'autour

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consommée par les bactéries et les petits insectes du sol <strong>de</strong> la<br />

forêt ; mes os blanchiraient et s’effriteraient dans quelques<br />

décennies ; je <strong>de</strong>viendrais alors partie intégrante <strong>de</strong> cette<br />

planète que nous appelions Trahison, y apportant le seul métal<br />

que ce sol renfermerait jamais, le métal <strong>de</strong> l’âme humaine. Celui<br />

<strong>de</strong> la mienne était-il malléable ? Ou formerais-je une zone dure<br />

dans l’humus <strong>de</strong> la forêt ? Les racines puiseraient-elles en moi<br />

un métal qui rendrait vigoureux les troncs massifs ?<br />

Telles étaient mes pensées tandis que je luttais pour rester<br />

éveillé. Pendant un temps, je crois même avoir rêvé tout en<br />

marchant, m’imaginant un arbre parmi <strong>de</strong>s milliers qui<br />

s’élançaient pour combattre les dangereux soldats noirs <strong>de</strong><br />

Nkumaï. Et ma folie était telle que je me vis même agiter <strong>de</strong><br />

vastes branches pour balayer les combattants <strong>de</strong> Mueller puis<br />

les réduire en poudre sous mes racines irrésistibles.<br />

Je revins à moi et réfléchis plus sérieusement – bien qu’avec<br />

autant <strong>de</strong> folie, peut-être – à ce que cette forêt empoisonnée<br />

signifiait. Je me rendis alors compte qu’en trois mille ans <strong>de</strong> vie<br />

sur ce mon<strong>de</strong> nous tous, les Mueller, n’avions jamais songé qu’à<br />

la façon <strong>de</strong> le quitter, <strong>de</strong> gagner <strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> fer telles que<br />

nous pourrions un jour construire un vaisseau spatial et nous en<br />

échapper. D’autres familles avaient consacré tous leurs efforts à<br />

convaincre leur Ambassa<strong>de</strong>ur qu’elles se repentaient <strong>de</strong> la<br />

rébellion <strong>de</strong> leurs ancêtres et souhaitaient être rappelées <strong>de</strong> leur<br />

exil – après tout, avaient-elles expliqué dans <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong><br />

missives, nous ne sommes que la quatre-vingtième génération<br />

d’arrière-petits-enfants <strong>de</strong> ceux qui menacèrent autrefois votre<br />

belle République. Toutes ces lettres enjôleuses leur étaient<br />

renvoyées déchirées. Quel qu’il soit, celui qui se trouvait à<br />

l’autre extrémité <strong>de</strong> l’Ambassa<strong>de</strong>ur et le contrôlait n’avait pas<br />

appris à pardonner en trois mille ans. Ce qui me poussait à me<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, peut-être, les crimes <strong>de</strong> nos ancêtres n’étaient pas<br />

beaucoup plus affreux qu’ils ne le prétendaient. Après tout, les<br />

seuls récits historiques en notre possession présentaient leur<br />

version <strong>de</strong>s événements. Et, selon celle-ci, ils étaient<br />

parfaitement innocents. Mais les criminels les plus monstrueux<br />

ne sont-ils pas tous innocents à leurs propres yeux ? Leurs<br />

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