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Note de l'autour

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Mon but chez les Schwartz avait été <strong>de</strong> partir prévenir ma<br />

famille. L’avertissement était venu un peu tard, et nul ne voulait<br />

désormais entendre mon message, <strong>de</strong> toute façon. Pire, on<br />

m’avait enfermé dans une prison <strong>de</strong> pierre morte, <strong>de</strong> sorte que<br />

je ne pouvais même pas parler au roc, m’enfoncer dans le sol et<br />

m’échapper.<br />

Je pouvais me suici<strong>de</strong>r, bien sûr, mais outre l’aversion<br />

naturelle que ce geste m’inspirait, je ne supportais pas l’idée <strong>de</strong><br />

causer tant <strong>de</strong> souffrance à la terre. Le roc supporte assez <strong>de</strong><br />

meurtres sans qu’on y ajoute le hurlement <strong>de</strong> mort d’un suicidé.<br />

Des pas légers se firent entendre <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la porte.<br />

On souleva la barre et le battant s’ouvrit péniblement.<br />

« Lanik », dit une voix dans l’obscurité. Je la reconnus<br />

aussitôt, sans vraiment y croire. Et puis Saranna me prit dans<br />

ses bras en pleurant. « Lanik, ils t’ont même pris tes yeux.<br />

— Ils repoussent, répondis-je. C’est tellement bon d’être à la<br />

maison.<br />

— Oh, Lanik, on a eu si peur pour toi ! »<br />

Elle me parlait comme si je n’étais jamais parti, comme si<br />

rien n’avait changé. Ses mains s’ajustaient précisément sur mon<br />

dos, là où <strong>de</strong> vieilles habitu<strong>de</strong>s me soufflaient que <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong><br />

cette taille <strong>de</strong>vaient se poser. Elle me serrait d’une façon que<br />

j’avais connue pour la <strong>de</strong>rnière fois la veille (ou un an plus tôt),<br />

et son souffle, sa peau tandis que sa joue frôlait la mienne, son<br />

o<strong>de</strong>ur, même les boucles folles qui me chatouillaient le nez…<br />

Je la serrai fort, car l’espace d’un instant, elle me fit oublier le<br />

cauchemar <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers jours, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers mois, et j’étais <strong>de</strong><br />

nouveau Lanik, fils d’Ensel Mueller, héritier du trône et jeune<br />

homme heureux. Heureux à mourir. À mourir.<br />

« Pourquoi es-tu venue ?<br />

— Tu as <strong>de</strong>s amis, Lanik. Certains d’entre nous te croient.<br />

— Alors vous <strong>de</strong>vez être fous. Il n’y a rien <strong>de</strong> crédible dans<br />

mon histoire.<br />

— Je te connais <strong>de</strong>puis assez longtemps pour savoir quand tu<br />

dis la vérité. Je ne veux pas que tu sois écartelé <strong>de</strong>main. Viens<br />

avec moi.<br />

— Tu ne te crois pas capable <strong>de</strong> me sortir <strong>de</strong> cette prison, si ?<br />

— Oui, avec <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. »<br />

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