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Note de l'autour

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J’aimais mieux ça que mourir <strong>de</strong> faim.<br />

« Ne mange pas <strong>de</strong> baies blanches qui poussent sur <strong>de</strong>s<br />

buissons à feuilles <strong>de</strong> chêne dans la forêt, tu tomberais mort<br />

dans la minute. Ne touche surtout pas à un fruit bombé et ridé,<br />

et prends gar<strong>de</strong> à ne pas marcher sur <strong>de</strong>s moisissures jaunâtres,<br />

tu mettrais <strong>de</strong>s années à t’en débarrasser.<br />

— Je ne sais même pas encore si je vais entrer dans la forêt.<br />

— Et où irais-tu, sinon ? »<br />

Je me levai et me dirigeai vers la porte. Dissi<strong>de</strong>nce était haute<br />

et assombrie par <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> nuages qui la masquaient en<br />

partie. Liberté n’était pas encore levée.<br />

« Sous quel délai dois-je partir ?<br />

— Dès l’apparition <strong>de</strong> Liberté. Je te mènerai à pied jusqu’à<br />

l’orée <strong>de</strong> la forêt, et tu y resteras en attendant le lever du soleil.<br />

Puis tu t’engageras sous les arbres, en visant l’est et un tiers au<br />

sud, jusqu’à atteindre un lac. Ensuite, on dit que le vrai chemin<br />

<strong>de</strong> la sécurité part plein sud et mène à Jones. Ne suis pas les<br />

sentiers. Ne suis aucune silhouette humaine. Et ne te soucie pas<br />

du jour et <strong>de</strong> la nuit. »<br />

Elle sortit <strong>de</strong>s vêtements <strong>de</strong> femme d’un coffre et me les<br />

montra. Ils étaient assez vieux et miteux, mais pudiques, dignes<br />

d’une vierge.<br />

« Ils sont à moi, dit-elle, mais je m’<strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’ils ont<br />

vraiment un jour convenu à ma vieille carcasse qui s’est gonflée<br />

<strong>de</strong> graisse ces dix <strong>de</strong>rnières années. » Elle éclata <strong>de</strong> rire et les<br />

plaça dans mon sac.<br />

Liberté se leva, et elle me fit passer la porte et emprunter un<br />

sentier peu fréquenté qui, <strong>de</strong> sa maison, partait vers l’est. Elle<br />

discuta en chemin.<br />

« Pourquoi a-t-on besoin <strong>de</strong> troupes tout court, je te le<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Les soldats brandissent un bout <strong>de</strong> métal dur, le<br />

trempent dans le sang d’un autre, et après ? Est-ce que ça<br />

change le mon<strong>de</strong> ? Est-ce que les hommes s’envolent<br />

aujourd’hui vers le mon<strong>de</strong> extérieur ? Nous autres, sur<br />

Trahison, est-ce qu’on est libérés par tous ces bains <strong>de</strong> sang ? Je<br />

crois qu’on est comme <strong>de</strong>s chiens qui s’entre-tuent pour un os,<br />

et que reste-t-il au vainqueur ? Un os, rien que ça. Et aucun<br />

espoir d’autres par la suite. Il n’y a que cet os-là. »<br />

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