13.07.2013 Views

Note de l'autour

Note de l'autour

Note de l'autour

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

J’entrai pru<strong>de</strong>mment dans l’eau. Tandis que l’air ne<br />

m’opposait aucune résistance en temps accéléré, l’eau était<br />

molle et supportait bien mieux mon poids. Ma traversée <strong>de</strong><br />

l’Entonnoir n’eut rien à voir avec la natation. Je rampais pour<br />

ainsi dire sur le dos <strong>de</strong>s vagues comme s’il s’agissait <strong>de</strong> collines<br />

boueuses après un orage. Puis je glissais sans peine <strong>de</strong> l’autre<br />

côté. Au bout d’un moment, cela <strong>de</strong>vint enivrant bien<br />

qu’épuisant.<br />

C’était encore l’après-midi quand j’atteignis l’autre rive, et je<br />

quittai la mer pour abor<strong>de</strong>r la côte rocheuse <strong>de</strong> l’île d’An<strong>de</strong>rson.<br />

Une fois hors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong>s vagues géantes, je regardai autour<br />

<strong>de</strong> moi. Le terrain était herbeux, semé <strong>de</strong> rochers, et <strong>de</strong>s<br />

moutons paissaient çà et là : il y avait <strong>de</strong>s habitants. Mais<br />

l’atmosphère était aussi chau<strong>de</strong>, sèche et sinistre. L’herbe ne<br />

poussait pas dru, et chaque mouton en mouvement était<br />

entouré d’un petit nuage <strong>de</strong> poussière, qui <strong>de</strong> mon point <strong>de</strong> vue<br />

paraissait figé dans les airs.<br />

Je marchais en haut <strong>de</strong> la pente menant à la côte rocheuse en<br />

me <strong>de</strong>mandant comment j’allais m’y prendre pour découvrir s’il<br />

s’agissait bien <strong>de</strong> la patrie <strong>de</strong>s mystificateurs. Je pouvais<br />

difficilement abor<strong>de</strong>r le premier venu en disant : « Bon aprèsmidi,<br />

est-ce bien d’ici que viennent les salopards qui tentent <strong>de</strong><br />

dominer le mon<strong>de</strong> ? » Il me fallait une raison plausible pour<br />

justifier ma présence. Au souvenir <strong>de</strong> la mer que je venais <strong>de</strong><br />

traverser, un naufrage me parut crédible. Il ne me restait qu’à<br />

m’assurer <strong>de</strong> regagner la terre juste à côté d’une maison <strong>de</strong><br />

berger. De là, j’espérais pouvoir laisser mon instinct faire le<br />

reste.<br />

Quand je parvins à une maison à quelques pas seulement du<br />

littoral, je re<strong>de</strong>scendis parmi les rochers jusqu’à la mer. Vu la<br />

hauteur <strong>de</strong>s vagues et leur violence, sans doute, en temps réel, je<br />

grimpai pru<strong>de</strong>mment sur le dos <strong>de</strong> la plus proche. Puis je<br />

repassai en flux réel.<br />

J’aurais mieux fait <strong>de</strong> me planter sur un rocher et <strong>de</strong> me<br />

laisser tremper par les embruns.<br />

- 254 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!