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Note de l'autour

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passèrent le col et re<strong>de</strong>scendirent en hâte pour brouter l’herbe<br />

épaisse.<br />

Je restai avec le berger tout l’après-midi, le plus souvent <strong>de</strong><br />

l’autre côté <strong>de</strong> la vallée par rapport à lui, mais je surveillai ses<br />

bêtes et renvoyai les rares à se fourvoyer dans ma direction. Il<br />

ne parut pas remarquer ma présence et ne dit rien, <strong>de</strong> sorte que<br />

je me <strong>de</strong>mandai si par malchance je n’étais pas tombé sur un<br />

Bosselain muet, mais quand le soleil se rapprocha <strong>de</strong> l’horizon,<br />

il se leva et entreprit <strong>de</strong> pousser ses moutons sur un chemin <strong>de</strong><br />

retour assez aisé. Je ne le suivis pas, mais quand il arriva sur<br />

une éminence, après avoir montré qu’il n’avait pas besoin <strong>de</strong><br />

mon ai<strong>de</strong> sur ce trajet-là, il se retourna, m’observa un moment<br />

puis me fit signe. Je <strong>de</strong>vais rentrer à la maison avec lui.<br />

Je le suivis sur plusieurs kilomètres avant d’arriver à un<br />

groupe <strong>de</strong> trois maisons basses au toit <strong>de</strong> chaume. On aurait dit<br />

<strong>de</strong> petites collines avec leur toit couleur d’herbe jaunie par l’été,<br />

mais à l’intérieur il faisait chaud pour lutter contre le froid <strong>de</strong> la<br />

nuit. Le vent marin soufflait du nord, même pendant les nuits<br />

d’été, et le courant profond qui traversait la mer <strong>de</strong> Bosselé était<br />

glacé : Britton avait beau être aussi loin au sud que Wong, où<br />

l’on étouffait l’été venu, la nuit n’était jamais chau<strong>de</strong> à Bosselé,<br />

et les hivers, bien que dépourvus <strong>de</strong> neige, tuaient tous les<br />

imbéciles qui se laissaient surprendre <strong>de</strong>hors après le coucher<br />

du soleil. Sauf, bien sûr, quelqu’un comme moi, qui pouvais<br />

m’enfoncer dans la terre si je le voulais, ou tirer sans mal <strong>de</strong> la<br />

chaleur <strong>de</strong> l’air environnant, si froid fût-il. Ils ne pouvaient pas<br />

le savoir, toutefois. Pour eux, j’étais un homme seul et j’invitais<br />

la mort à chaque nuit passée à la belle étoile.<br />

Ce qui a sans doute pesé dans la décision du berger <strong>de</strong><br />

m’inviter chez lui. Les Bosselains savaient très bien (car toutes<br />

les nouvelles se propagent vite dans les régions isolées) que<br />

personne ne m’avait offert l’hospitalité ; je passais nuit après<br />

nuit dans les collines, pourtant j’étais encore en vie. Cela me<br />

conférait comme une aura <strong>de</strong> sacré et <strong>de</strong> pouvoir, et je les<br />

impressionnais. Toutefois, quand j’eus prouvé que mes<br />

intentions étaient bonnes en aidant le berger, je fus accepté, non<br />

comme l’un <strong>de</strong>s leurs, mais comme un homme avec qui ils<br />

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