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Note de l'autour

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Encore un signe que je savais inconsciemment : jusqu’alors, je<br />

me montrais aussi vain qu’un autre et m’entourais <strong>de</strong> miroirs.<br />

Impossible toutefois d’échapper au miroir dans l’antre<br />

chirurgical stérile <strong>de</strong> Homarnoch, cette salle pleine <strong>de</strong> scalpels<br />

acérés et <strong>de</strong> lits tachés <strong>de</strong> sang, où l’on retirait <strong>de</strong> la chair <strong>de</strong>s<br />

soldats les flèches munies <strong>de</strong> barbules et où l’on coupait les<br />

membres inutiles et obscènes poussés sur <strong>de</strong>s corps adolescents.<br />

Il me plaça <strong>de</strong>vant le miroir et, <strong>de</strong>bout <strong>de</strong>rrière moi, prit dans<br />

ses mains <strong>de</strong>s seins désormais voluptueux. Pour la première<br />

fois, je fus obligé <strong>de</strong> contempler une chair qui ne pouvait pas<br />

m’appartenir. Pour la première fois, je fus conscient du contact<br />

d’un autre avec cette chair. Toutefois, la brusque caresse toute<br />

chirurgicale <strong>de</strong> Homarnoch ne fut sans doute pas ce qui<br />

m’excita. Ce contact me paraissait bien plus étrange que sexuel.<br />

Je pense que c’était la vue <strong>de</strong> mains étrangères étreignant une<br />

poitrine étrangère. Du voyeurisme, sans doute. Je ne croyais<br />

toujours pas à ce qui m’arrivait.<br />

« Pourquoi n’es-tu pas venu me voir tout <strong>de</strong> suite ? <strong>de</strong>manda<br />

Homarnoch, l’air blessé.<br />

— Pour quoi faire ? J’ai déjà vu <strong>de</strong>s tas d’organes me<br />

pousser. »<br />

Il secoua la tête. « Tu n’es pas un imbécile, Lanik Mueller. »<br />

En entendant mon nom, je ressentis une terrible crainte. Je<br />

compris plus tard que c’était le nom <strong>de</strong> Mueller qui me<br />

l’inspirait – non parce que c’était le mien, mais parce que cela<br />

ne le serait bientôt plus.<br />

« Cela arrive même dans la famille du Mueller, Lanik. Ça<br />

saute les générations. Nul n’est à l’abri.<br />

— Ce n’est que la puberté », répondis-je en espérant qu’il me<br />

croirait.<br />

Il me dévisagea d’un air triste, non sans affection, je pense.<br />

« J’espère que tu as raison, dit-il sans conviction. J’espère<br />

qu’en t’examinant je découvrirai que tu as raison.<br />

— Inutile <strong>de</strong>…<br />

— Allons, Lanik, coupa-t-il. Le Mueller m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> lui<br />

donner ma réponse dans l’heure. »<br />

Quand mon père ordonnait, j’obéissais. Je m’allongeai sur la<br />

table et m’efforçai <strong>de</strong> me détendre tandis que le scalpel<br />

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