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Note de l'autour

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« Très bien, on y va, hop, hop, on se dépêche, on n’a pas tout<br />

notre temps ! » cria le chef, et les autres s’esclaffèrent<br />

bruyamment tandis que nous nous remettions en route. L’envie<br />

me tenait secrètement <strong>de</strong> tuer le prochain à rire.<br />

La ville <strong>de</strong>s Ku Kuei se trouvait au milieu du lac, sur l’île que<br />

nous avions aperçue <strong>de</strong>puis la rive. Si on peut appeler ça une<br />

ville. Il n’y avait pas <strong>de</strong> bâtiments, pas <strong>de</strong> structures d’aucune<br />

sorte. Rien que la forêt et <strong>de</strong> l’herbe passablement piétinée par<br />

endroits.<br />

Ce qui était remarquable, c’était les gens. Les enfants, Dieu<br />

merci, étaient minces, mais les adultes m’incitaient à penser<br />

qu’en poids les Ku Kuei représentaient plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> la<br />

vie humaine sur Trahison. J’avais l’impression d’une<br />

invraisemblable paresse – et je n’ai jamais eu <strong>de</strong> raison d’en<br />

changer. Nul ne donnait l’impression <strong>de</strong> faire ce qu’il pouvait<br />

éviter. « Viens chasser avec nous », me disaient-ils nombreux,<br />

et j’y allai une fois. Ils passaient en temps accéléré, marchaient<br />

jusqu’à leur proie et la tuaient alors qu’elle était encore<br />

immobile, figée en temps normal. Lorsque je fis remarquer que<br />

ce n’était pas sportif, ils me regardèrent bizarrement.<br />

« Quand tu participes à une course, est-ce que tu te coupes les<br />

pieds ? » me <strong>de</strong>manda l’un d’eux. Et un autre répondit : « Si je<br />

me coupe les pieds, est-ce que cela signifie que je n’aurai plus<br />

jamais à participer à d’autres courses ? »<br />

Paroxysme d’hilarité. Je regagnai alors la ville.<br />

Malgré leur paresse, leur détermination à s’amuser <strong>de</strong> tout et<br />

leur refus caractérisé <strong>de</strong> prendre aucun engagement au sérieux,<br />

j’en vins à aimer les Ku Kuei. Non pas comme j’avais aimé les<br />

Schwartz, car je les admirais aussi. J’aimais les Ku Kuei comme<br />

<strong>de</strong> grands jouets autopropulsés. Et eux, pour une raison<br />

obscure, m’aimaient aussi. Peut-être parce que j’avais trouvé un<br />

nouveau moyen <strong>de</strong> faire tomber quelqu’un sur les fesses.<br />

« Comment t’appelles-tu ? <strong>de</strong>mandai-je à celui qui avait<br />

dirigé notre expédition <strong>de</strong> secours.<br />

— Qu’en penses-tu, Buveur-<strong>de</strong>-lac ?<br />

— Comment le saurais-je ? Et je m’appelle Lanik Mueller. »<br />

Il pouffa. « Ce n’est pas un nom. Tu as bu le lac, tu es Buveur<strong>de</strong>-lac.<br />

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