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Note de l'autour

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les folles expéditions à travers la forêt, on aurait trouvé<br />

suffisamment à s’occuper pour un siècle rien qu’en errant dans<br />

la ville et en s’arrêtant pour goûter les flux temporels <strong>de</strong> gens<br />

qui vivaient à leur propre rythme.<br />

Par exemple, Celui-qui-tomba-sur-les-fesses était presque<br />

toujours en flux très rapi<strong>de</strong>. J’étais si peu apte à mo<strong>de</strong>ler le<br />

temps que je rejoignais presque automatiquement le flux <strong>de</strong> la<br />

personne la plus proche. Par contraste, les Ku Kuei les moins<br />

doués étaient capables, eux, <strong>de</strong> maintenir le contrôle <strong>de</strong> leur flux<br />

même lorsqu’ils se trouvaient juste à côté d’autrui. Quand j’étais<br />

en compagnie <strong>de</strong> Celui-qui-tomba-sur-les-fesses, le reste du<br />

mon<strong>de</strong> semblait littéralement s’arrêter. Nous marchions et<br />

parlions sans que le soleil bouge jamais dans le ciel, et les gens<br />

que nous croisions étaient figés ou (si leur flux était rapi<strong>de</strong>)<br />

avançaient comme <strong>de</strong>s escargots. Personne ne se déplaçait aussi<br />

vite que Celui-qui-tomba-sur-les-fesses.<br />

« Mon ami, dis-je un jour, quand j’eus le sentiment que nous<br />

étions amis, tu fais défiler ta vie si vite. Qu’est-ce qui te presse ?<br />

— Je ne suis pas pressé. Je ne marche jamais vite.<br />

— Je suis ici <strong>de</strong>puis peut-être un mois et… »<br />

Il m’interrompit en riant. « Je ne sais pas comment tu tiens le<br />

compte <strong>de</strong>s jours, comme s’ils signifiaient quelque chose !<br />

— Et tu as vieilli pendant ce temps. »<br />

Il porta la main à ses cheveux. « Ils sont <strong>de</strong>venus gris, hein ?<br />

— Oui. Et tu as pris <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>s.<br />

— Des ri<strong>de</strong>s d’expression ! » dit-il d’un air triomphant,<br />

comme si c’était la réponse à tout.<br />

Son attitu<strong>de</strong> fataliste <strong>de</strong>vant la mort gagnait Saranna – mais<br />

<strong>de</strong> façon différente. Elle ralentissait. Elle ne prit pas <strong>de</strong> décision<br />

soudaine – « aujourd’hui, je serai lente » –, cela vint<br />

progressivement. Mais une fois qu’elle eut appris à mo<strong>de</strong>ler le<br />

temps, je commençai à remarquer que lorsque j’étais avec elle,<br />

pris dans son flux, tout autour <strong>de</strong> nous bougeait à toute vitesse.<br />

À une vitesse insupportable. Les Ku Kuei qui nous dépassaient<br />

dansaient comme <strong>de</strong>s fous et se précipitaient hors <strong>de</strong> notre vue,<br />

jacassant un instant avant <strong>de</strong> disparaître. Quand nous parlions,<br />

elle regardait sans cesse par-<strong>de</strong>ssus mon épaule, <strong>de</strong> droite à<br />

gauche ou <strong>de</strong> gauche à droite, pour voir les gens passer. De<br />

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