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Note de l'autour

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— Nous sommes honorés », répondit un homme qui<br />

paraissait parler au nom <strong>de</strong>s autres – un vieillard. Je notai qu’il<br />

n’y avait pas d’hommes en âge <strong>de</strong> porter les armes.<br />

« Vos fils sont tous partis à la guerre ?<br />

— Il n’y a plus <strong>de</strong> guerre », répondit-il.<br />

La femme enceinte acquiesça gravement. « Pour Sill, il n’y a<br />

plus <strong>de</strong> guerre.<br />

— Il n’y a plus <strong>de</strong> Sill, renchérit le vieil homme. Nous sommes<br />

<strong>de</strong>s Nkumaï, désormais. »<br />

Je les regardai qui hochaient tous la tête. « Ah bon ? Alors<br />

quel ennemi voulez-vous que je tue ? »<br />

Ils restèrent muets, jusqu’à ce qu’une vieille femme s’écrie,<br />

amère et les larmes aux yeux : « Les Nkumaï ! Tue les Nkumaï !<br />

Pour l’amour <strong>de</strong> Dieu, si tu as le moindre pouvoir… »<br />

Les autres reprirent son cri : « Tue les Nkumaï ! Pour nos fils,<br />

pour nos maisons, pour notre terre, tue ces diables ! »<br />

J’entendais chanter la haine et la mort dans leur cœur. Je<br />

hochai doucement la tête et poursuivis mon chemin.<br />

« Comment t’appelles-tu ? » cria la femme enceinte dans mon<br />

dos.<br />

Je me retournai et répondis : « Lanik Mueller. » À ma gran<strong>de</strong><br />

surprise, les cris se turent aussitôt. Certains paraissaient<br />

terrorisés. D’autres plissèrent le nez d’un air <strong>de</strong> dégoût, comme<br />

si j’avais fait une plaisanterie obscène. Des visages se figèrent<br />

simplement, impassibles. Puis ils me quittèrent tous en silence<br />

et regagnèrent leurs maisons. La vieille femme, elle, m’adressa<br />

un message : elle cracha par terre.<br />

Seul mon nom avait pu les faire passer <strong>de</strong> l’amitié et <strong>de</strong><br />

l’espoir à la haine et la peur. Mais que signifiait mon nom dans<br />

une région comme celle-ci ? À Mueller, on le connaissait bien,<br />

puisque j’étais l’héritier présomptif du trône, mais pourquoi<br />

serait-il familier à Sill ? J’étais parti un an, toute la durée <strong>de</strong> la<br />

guerre. Je pesai cette question en reprenant la direction du<br />

nord, obliquant légèrement à l’ouest, sur la route <strong>de</strong> Muellersur-Rebelle.<br />

Était-il possible que Dinte m’ait haï au point <strong>de</strong><br />

répandre <strong>de</strong>s rumeurs <strong>de</strong> traîtrise sur mon compte ? Je<br />

n’arrivais pas à croire que Père l’aurait laissé faire une chose<br />

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