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Note de l'autour

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Elle me prit par la main et m’emmena dans les couloirs. Elle<br />

me serrait les doigts une fois quand nous arrivions <strong>de</strong>vant une<br />

volée <strong>de</strong> marches à monter, <strong>de</strong>ux fois quand il fallait <strong>de</strong>scendre.<br />

Nous étions aussi discrets qu’on peut l’être sur ses pieds et, en<br />

ce qui me concerne, je ne respirais même pas. C’était plus facile<br />

ainsi. Mes yeux étaient en voie <strong>de</strong> guérison. Ils avaient déjà leur<br />

forme arrondie, mais les nerfs mettraient du temps à guérir<br />

correctement et à me rendre pleinement la vue. Me déplacer à<br />

l’aveuglette, comme cette nuit sombre où j’avais rampé sur les<br />

branches humi<strong>de</strong>s et glissantes en Nkumaï, voilà qui était<br />

effrayant. Cette nuit-là, je ne savais jamais ce qui m’attendait<br />

plus loin. C’était pareil cette fois – sauf que quelqu’un me tenait<br />

par la main et me guidait. Cette fois, je confiais ma vie non pas à<br />

mon instinct mais à une femme que j’avais toujours jugée<br />

frivole. Loyale, certes, et magnifiquement exubérante quand<br />

nous faisions l’amour, mais pas fiable. Je me trompais,<br />

manifestement. Nous ne rencontrâmes personne en chemin.<br />

Nous nous arrêtâmes.<br />

« Qu’est-ce qu’on attend ?<br />

— Chut », dit-elle, et j’obéis.<br />

Au bout <strong>de</strong> quelques minutes, j’entendis au loin <strong>de</strong>s pas<br />

traînants. Un vieil homme, décidai-je d’après le bruit. Puis il fut<br />

tout près, et je sentis <strong>de</strong>s bras m’étreindre dans une poigne <strong>de</strong><br />

fer et <strong>de</strong>s larmes brûlantes couler dans mon cou.<br />

« Père, soufflai-je.<br />

— Lanik, mon fils, mon fils, dit-il, et ma peur s’envola.<br />

— Tu me crois.<br />

— Tu es mon seul espoir. »<br />

Ce vieux salaud persistait à me considérer comme son espoir,<br />

comme si je lui <strong>de</strong>vais une loyauté plus forte encore qu’à moimême.<br />

Enfin, c’était le cas.<br />

« Et quatre beaucoup plus petits <strong>de</strong>main », répondis-je.<br />

Il se contenta <strong>de</strong> me serrer plus fort. « Il est <strong>de</strong>s occasions où<br />

un gouvernant honnête doit abdiquer, et en voici une. Ils ne te<br />

couperont pas en morceaux. Je savais que tu ne trahirais<br />

jamais – pas <strong>de</strong> façon permanente en tout cas.<br />

— Pas même <strong>de</strong> façon temporaire, dis-je. Mais mettons-nous<br />

en route avant que l’on remarque que tu tiens séance ici.<br />

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