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Note de l'autour

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La terre, toutefois, ne faisait pas <strong>de</strong> distinction entre les<br />

innocents et les coupables, entre ceux dont la mort était inutile<br />

et ceux qui <strong>de</strong>vaient disparaître pour qu’être humain sur<br />

Trahison ait un sens. La terre savait que cela ne ressemblait pas<br />

à la moisson <strong>de</strong>s champs ; elle ne pouvait pas saisir la logique<br />

humaine qui nous avait menés là. La terre savait juste que nous<br />

qui nous étions rassemblés à Schwartz lui avions ordonné<br />

d’assassiner <strong>de</strong>s gens qui se trouvaient si loin que nous ne<br />

pouvions en aucun cas prétendre agir en position <strong>de</strong> légitime<br />

défense.<br />

Les pierres grondaient affreusement comme pour dire :<br />

« Nous t’avons fait confiance, nous t’avons donné du pouvoir,<br />

nous t’avons obéi et tu t’es servi <strong>de</strong> nous pour tuer ! » Les<br />

pierres hurlaient : « Traître ! » tandis que la chaleur me balayait<br />

d’avant en arrière.<br />

En quelques instants, je perdis tout ancrage, tout lien avec la<br />

réalité, toute notion du temps, et là où le cri <strong>de</strong> l’homme que<br />

j’avais tué à An<strong>de</strong>rson avait duré quelques secon<strong>de</strong>s, le<br />

hurlement <strong>de</strong> la terre cette fois-ci dura une éternité. Il n’avait<br />

pas <strong>de</strong> fin parce qu’il n’y avait pas <strong>de</strong> temps, et pendant une<br />

éternité je ressentis une souffrance d’une infinie magnitu<strong>de</strong> et je<br />

n’aspirai qu’à une chose. Non pas à mourir, car cela n’aurait fait<br />

qu’amplifier le cri <strong>de</strong> la pierre, mais plutôt à être annihilé, à<br />

n’avoir jamais existé, jamais vécu, car ma vie avait atteint ce<br />

point et qu’il était inatteignable, insupportable, impossible.<br />

« Trahison, hurlait sans fin la terre.<br />

— Pardonne-moi », suppliais-je.<br />

Et quand enfin le temps revint et l’éternité prit fin, la roche<br />

me recracha, le sable me vomit et je fus projeté dans les airs,<br />

tête la première vers les étoiles.<br />

Je m’élevai, et quand ce fut terminé, je retombai vers la terre.<br />

L’impression était la même que lorsque je m’étais laissé tomber<br />

d’une éminence rocheuse avant que Dissi<strong>de</strong>nce ne se lève, et je<br />

me <strong>de</strong>mandai si le sable me recevrait en fin <strong>de</strong> compte, ou si<br />

cette fois je m’arrêterais net à son contact, aplati, brisé, mon<br />

sang n’ayant plus qu’à pénétrer le sable et le soleil qu’à sécher<br />

ma chair au point d’en faire du cuir, puis <strong>de</strong> la poussière.<br />

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