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Note de l'autour

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J’étais stupéfait que Père laisse Dinte me poursuivre si<br />

longtemps et assez ouvertement pour que les soldats se disent<br />

après le fils du roi. « Ils ne craignent pas qu’il vienne par ici ? »<br />

Elle me jeta un coup d’œil. Je me <strong>de</strong>mandai brièvement si elle<br />

avait <strong>de</strong>viné qui j’étais, mais elle dit : « J’ai cru un instant que tu<br />

te moquais. Tu ne sais pas qu’à trois kilomètres commence la<br />

forêt <strong>de</strong> Ku Kuei ? »<br />

Si près. Je feignis l’ignorance. « Et qu’est-ce que ça<br />

signifie ? »<br />

Elle secoua la tête. « On dit que ni homme ni femme qui entre<br />

dans cette forêt n’en ressort jamais vivant.<br />

— Et j’imagine qu’ils sont tout aussi rares à en ressortir<br />

morts.<br />

— Ils n’en reviennent pas du tout, ma dame. Sers-toi une<br />

louche <strong>de</strong> soupe. Elle sent le crottin mais c’est du vrai mouton.<br />

J’ai tué une brebis la semaine passée, et <strong>de</strong>puis ça mijote. »<br />

La soupe était bonne et relevée. Elle sentait toutefois bel et<br />

bien le crottin. Après quelques gorgées, je me sentais prêt à<br />

dormir et sortis <strong>de</strong> table pour gagner la couche qu’elle me<br />

désignait dans un coin.<br />

Je me réveillai dans le noir. Un feu couvait dans l’âtre, et je<br />

vis la silhouette d’une femme aller et venir. Elle fredonnait tout<br />

bas une mélodie aussi belle et monotone que la mer.<br />

« Cet air a-t-il <strong>de</strong>s paroles ? » <strong>de</strong>mandai-je.<br />

Elle ne m’entendit pas, et je replongeai dans le sommeil. À<br />

mon réveil suivant, une chan<strong>de</strong>lle m’éclairait le visage, et la<br />

vieille femme m’observait attentivement. J’ouvris grand les<br />

yeux, et elle recula, un peu gênée. Je me rendis compte sous<br />

l’effet du froid nocturne que ma tunique était ouverte, mes seins<br />

nus, et je me couvris.<br />

« Navrée, petite dame, dit la femme, mais un soldat est passé,<br />

pour sûr. Il cherchait un jeune gars <strong>de</strong> seize ans, un Lanik. Je lui<br />

ai répondu qu’il n’en était pas venu par ici, et qu’il n’y avait là<br />

que ma fille et moi. Et comme tes cheveux sont taillés très<br />

courts, ma dame, j’ai dû lui prouver que t’étais une fille, pas<br />

vrai ? Alors j’ai ouvert ta tunique. »<br />

J’acquiesçai lentement.<br />

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