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Note de l'autour

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je fermai les yeux et entrepris <strong>de</strong> faire pour lui ce que les<br />

Schwartz avaient fait pour moi.<br />

Il n’avait fallu qu’une poignée <strong>de</strong> Schwartz pour me<br />

transformer, pour guérir ma régénération radicale, et j’espérais<br />

donc en être capable seul. J’étais loin d’avoir leur connaissance<br />

<strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> carbone, mais je les percevais assez bien pour<br />

pouvoir comparer. Je changeai en lui toutes les différences<br />

entre son ADN et le mien jusqu’à ce qu’ils correspon<strong>de</strong>nt<br />

parfaitement. Non seulement sa régénération radicale serait<br />

donc guérie, mais il n’aurait plus jamais soif ni faim, il serait<br />

libéré du besoin <strong>de</strong> respirer, il puiserait son énergie directement<br />

au soleil.<br />

Mais je ne pouvais pas lui donner les compétences que j’avais<br />

acquises, et je ne l’aurais pas fait <strong>de</strong> toute façon. C’était lui le<br />

véritable Lanik Mueller, pas moi. Il était Lanik Mueller tel que<br />

j’aurais dû l’être : il régnait à Mueller et le faisait bien ; il était<br />

seul, mais il vivait là où il <strong>de</strong>vait vivre. Désormais, dégagé du<br />

fléau <strong>de</strong> la régénération radicale, il serait libre d’atteindre un<br />

<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> bonheur qui m’échapperait toujours.<br />

Cela prit <strong>de</strong>s heures. Quand j’eus terminé, il dormait sur le<br />

plancher du grenier, sain <strong>de</strong> corps, normal. Il était nu – aucun<br />

tailleur n’habillait le corps déformé <strong>de</strong>s rads. Je l’examinai<br />

comme je n’avais jamais été capable <strong>de</strong> m’examiner moi-même.<br />

La peau était jeune et douce – il était plus jeune que moi –, les<br />

muscles vigoureux et le tout bien proportionné. L’espace d’un<br />

instant, je me vis tel que Saranna avait dû me voir, et bien que je<br />

ne ressente aucun désir ni amour pour les hommes, je compris<br />

pourquoi elle me disait si souvent que mon corps était doux.<br />

Cela m’irritait à l’époque – un adolescent n’aspire pas à la<br />

douceur. Mais elle avait raison.<br />

C’est son visage qui me fit mal. Il pensait avoir connu la<br />

souffrance, et c’était le cas, à un <strong>de</strong>gré plus élevé que bien <strong>de</strong>s<br />

hommes. Son visage affichait une maturité au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ses ans,<br />

<strong>de</strong> la bonté et <strong>de</strong> la compassion. Mais je m’étais vu dans <strong>de</strong>s<br />

miroirs, j’avais observé ce que le temps et mes propres actes<br />

m’avaient fait, et il ne transparaissait ni bonté ni compassion<br />

sur mon visage. J’en avais trop vu. J’avais tué trop souvent. Il ne<br />

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