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Note de l'autour

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matelots. Je venais juste <strong>de</strong> les forcer intelligemment à m’ai<strong>de</strong>r<br />

à me tuer.<br />

Je me tenais nu sur une plage d’une centaine <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong><br />

large. Derrière s’élevaient les pentes abruptes et irrégulières <strong>de</strong><br />

pierre et <strong>de</strong> sable que les marins <strong>de</strong> Mueller surnommaient le<br />

Gratte-pieds. Au-<strong>de</strong>là s’étendait le plus terrible désert <strong>de</strong> la<br />

planète. Mieux valait se rendre à un ennemi plutôt que toucher<br />

terre à cet endroit d’où ne partait aucun chemin, où les navires<br />

n’accostaient jamais et où s’enfoncer dans les terres vous menait<br />

au cœur du désert inconnu <strong>de</strong> Schwartz. Rien n’y vivait. Pas<br />

même les broussailles qu’on trouvait dans les déserts sur la côte<br />

occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> la Manche. Pas même un insecte. Rien.<br />

C’était l’après-midi. Le soleil chauffait. Ma peau, blanche<br />

comme les nuages suite à mon long confinement, brûlait déjà.<br />

Sans eau, combien <strong>de</strong> temps tiendrais-je ?<br />

Si seulement je n’avais pas ouvert mon clapet dans ma cellule<br />

fraîche et ombragée où l’on m’apportait <strong>de</strong> l’eau. Si seulement<br />

j’avais dit ce qu’il fallait pour dissiper les craintes <strong>de</strong> l’équipage.<br />

Je marchai car il n’y avait rien d’autre à faire. Parce que <strong>de</strong><br />

vieilles légen<strong>de</strong>s parlaient d’immenses fleuves au cœur <strong>de</strong><br />

Schwartz, qui s’enfonçaient sous le désert avant <strong>de</strong> s’échapper<br />

vers d’autres terres. Parce que je ne voulais pas qu’on découvre<br />

mon squelette sur la plage, comme si je n’avais pas eu les tripes<br />

<strong>de</strong> tenter quelque chose.<br />

Il n’y avait pas <strong>de</strong> vent.<br />

À la tombée <strong>de</strong> la nuit, j’étais déjà assoiffé, à bout <strong>de</strong> souffle et<br />

fatigué à l’extrême. Je n’étais pas encore parvenu au sommet et<br />

la mer paraissait ridiculement proche. Avec tous ces membres,<br />

je faisais un piètre grimpeur. Je ne pouvais pas dormir ; je forçai<br />

donc mes muscles réticents et mal préparés à me porter plus<br />

avant dans l’obscurité. Celle-ci était bienvenue, et le froid<br />

s’abattit sur le désert, porteur <strong>de</strong> soulagement après la chaleur<br />

du jour. C’était l’été, ou tout comme, mais la nuit était plus<br />

froi<strong>de</strong> que je ne l’aurais cru possible dans un lieu pareil, et je<br />

continuai d’avancer même après que l’envie <strong>de</strong> dormir m’eut<br />

saisi, car le mouvement me tenait chaud.<br />

Quand le soleil se leva, j’étais épuisé. Mais j’avais atteint le<br />

sommet et je pouvais voir <strong>de</strong>vant moi <strong>de</strong>s dunes à l’infini,<br />

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