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Note de l'autour

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promettre et <strong>de</strong> repousser, jusqu’à ce que je lui ren<strong>de</strong> un service<br />

<strong>de</strong> valeur équivalente – par pure bonté d’âme.<br />

Celui que rendait Mwabao Mawa, celui grâce à quoi elle<br />

gagnait sa vie, consistait à se planter <strong>de</strong> temps à autre <strong>de</strong>vant sa<br />

maison en entonnant le chant du matin, ou celui du soir, ou<br />

celui <strong>de</strong>s oiseaux, ou qui sait quel autre encore. Cela suffisait :<br />

elle n’avait jamais faim ; elle avait même souvent tant <strong>de</strong><br />

réserves alimentaires et <strong>de</strong> biens qu’elle en donnait beaucoup.<br />

Les pauvres étaient ceux qui n’avaient rien <strong>de</strong> valeur à<br />

donner. Les imbéciles. Les sans talent. Les paresseux. On les<br />

tolérait. On les nourrissait – à peu près. Toutefois, on ne leur<br />

accordait aucune importance. Et ils portaient tous un nom.<br />

J’étais en Nkumaï <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux semaines, assez pour que la<br />

vie commence à m’y paraître normale, quand je parvins enfin à<br />

voir un homme investi d’un réel pouvoir. Il s’appelait<br />

Fonctionnaire-qui-nourrit-tous-les-pauvres, et Professeur<br />

s’inclina légèrement <strong>de</strong>vant lui en entrant dans sa maison.<br />

Mais l’entretien fut vain. Des propos sans conséquence, une<br />

discussion sur la conscience sociale <strong>de</strong>s Nkumaï, <strong>de</strong>s questions<br />

sur ma patrie. Je m’étais <strong>de</strong>puis longtemps inventé ma version<br />

<strong>de</strong> Loiseau, puisque je n’avais pas d’autre moyen <strong>de</strong> répondre<br />

aux questions que tant <strong>de</strong> Nkumaï me posaient sur mon pays.<br />

Après tout ce bavardage inutile, il m’invita à venir dîner<br />

quelques jours plus tard. « Quand je ferai brûler <strong>de</strong>ux torches »,<br />

précisa-t-il.<br />

Je partis frustré.<br />

Je le fus davantage encore quand Professeur se mit à rire et<br />

me dit que mon ascension au sein du gouvernement semblait<br />

avoir atteint son terme.<br />

« Quel service lui offrirez-vous ? » <strong>de</strong>manda-t-il.<br />

Je m’abstins <strong>de</strong> souligner qu’il reconnaissait implicitement<br />

que je corrompais bel et bien les fonctionnaires nkumaï. Je me<br />

contentai <strong>de</strong> sourire et lui montrai l’un <strong>de</strong> mes précieux<br />

anneaux <strong>de</strong> fer.<br />

Il sourit à son tour et ouvrit sa robe, révélant une lour<strong>de</strong><br />

amulette <strong>de</strong> fer pendue à son cou. La vue <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> fer gâché<br />

pour un usage décoratif me donna <strong>de</strong>s frissons.<br />

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