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Note de l'autour

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Non. Quelque chose allait bien.<br />

Je n’avais pas <strong>de</strong> sensation <strong>de</strong> tiraillement sur le côté gauche,<br />

là où trois jambes faisaient pendant à <strong>de</strong>ux. Pas <strong>de</strong> cambrure<br />

excessive du dos pour compenser la présence <strong>de</strong> tous ces<br />

membres sous moi pendant mon sommeil. Pas un souffle d’air<br />

inspiré par un nez surnuméraire.<br />

De l’intérieur, je ne sentais que <strong>de</strong>ux bras, <strong>de</strong>ux jambes, le<br />

sexe avec lequel j’étais né, un visage normal. Pas <strong>de</strong> seins. Pas<br />

même ça.<br />

Je levai la main gauche (une seule !) et me touchai le torse.<br />

Rien que du muscle. Du muscle bien ferme. Je me tapai la<br />

poitrine, et mon bras me parut vivant et fort.<br />

Était-ce vrai ? Était-ce un rêve ? N’avais-je pas été confiné<br />

dans une cellule sur un navire pendant plusieurs mois ? Était-ce<br />

là aussi une hallucination ? Dans ce cas, comment étais-je arrivé<br />

ici ; je me posais la question. Je n’arrivais pas à croire que j’étais<br />

normal à nouveau.<br />

C’est alors que je me souvins du garçon et <strong>de</strong> l’eau montée du<br />

désert. Alors, ça aussi, c’était un rêve. Des choses impossibles se<br />

produisaient alors que j’étais en train <strong>de</strong> mourir. Des rêves<br />

d’eau. Des rêves <strong>de</strong> normalité. Les rêves d’un homme agonisant.<br />

Le temps s’étirait pour mes <strong>de</strong>rniers instants <strong>de</strong> survie.<br />

Sauf que mon cœur battait trop fort pour que je l’ignore. Et je<br />

me sentais aussi plein <strong>de</strong> vie qu’avant <strong>de</strong> quitter Mueller. Si la<br />

mort ressemble à ça, j’en veux encore, songeai-je.<br />

Je leur <strong>de</strong>mandai : « Vous les avez coupés ? »<br />

Ils restèrent un moment sans répondre. Puis l’un d’eux fit :<br />

« Couper ?<br />

— Couper, répétai-je. Pour me rendre cette apparence.<br />

Normale.<br />

— Helmut a dit que tu n’en voulais plus.<br />

— Ils reviendront. »<br />

L’homme qui m’avait parlé me regarda, perplexe. « Je ne<br />

crois pas, dit-il. Nous avons arrangé ça. »<br />

Arrangé ça. Défaire ce que cent générations <strong>de</strong> Mueller<br />

avaient vainement tenté <strong>de</strong> guérir. Voilà donc ce que Schwartz<br />

avait produit. L’arrogance <strong>de</strong>s sauvages.<br />

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