13.07.2013 Views

Note de l'autour

Note de l'autour

Note de l'autour

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

évélation : il existait une autre voie vers la liberté que le fer<br />

accordé par les Ambassa<strong>de</strong>urs. On nous avait donné une planète<br />

entière, pas vrai ? Pouvions-nous être libres en cessant <strong>de</strong> lever<br />

les yeux vers le ciel et <strong>de</strong> nous presser contre le mur <strong>de</strong> notre<br />

prison, la gravité, pour nous tourner vers la terre et découvrir ce<br />

que nous avions sous les pieds, ou observer autour <strong>de</strong> nous les<br />

formes <strong>de</strong> vie aborigènes et en tirer <strong>de</strong> la sagesse ?<br />

C’est cet enthousiasme, qui me poussa en avant. Je me<br />

<strong>de</strong>mandai même un moment si, dans les instants précédant<br />

mon trépas, les plantes s’adresseraient à moi – non pas qu’elles<br />

trouvent une voix, bien sûr, mais que leurs poisons provoquent<br />

une vision révélatrice <strong>de</strong> ce que ce mon<strong>de</strong> nous réservait à nous,<br />

les intrus, les étrangers. Désormais, tandis que je prenais appui<br />

sur les troncs en trébuchant au milieu du bois, je <strong>de</strong>mandais en<br />

silence aux arbres <strong>de</strong> me parler. Tuez-moi si vous le <strong>de</strong>vez, mais<br />

ne me laissez pas mourir sans savoir qui m’a vaincu.<br />

Jusqu’à ce que, finalement, je ne parvienne plus à faire un<br />

pas. Mes jambes cédèrent sous mon poids alors que l’après-midi<br />

commençait seulement, si j’avais bien <strong>de</strong>viné la position du<br />

soleil. En m’effondrant à genoux, j’aperçus un reflet bleu vif<br />

<strong>de</strong>vant moi : j’étais enfin parvenu au lac.<br />

Il n’était pas large au point <strong>de</strong> m’empêcher d’en distinguer<br />

l’autre rive, lointaine et floue à cause <strong>de</strong> la vapeur qui s’élevait,<br />

invisible, <strong>de</strong> sa surface, mais assez long pour que je n’en voie<br />

pas l’extrémité, ni au nord ni au sud. Le soleil éblouissant se<br />

reflétait sur l’eau. Et, oui, il ne pouvait être plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures<br />

<strong>de</strong> l’après-midi.<br />

Je m’allongeai près <strong>de</strong> l’eau et dormis, pour me réveiller le<br />

len<strong>de</strong>main à ce qui me parut être la même heure exactement.<br />

J’étais affligé, mais je reprenais aussi espoir. Car j’avais bel et<br />

bien dormi, c’était certain. Malgré mes muscles endoloris et mes<br />

jambes flageolantes, j’étais <strong>de</strong> nouveau capable <strong>de</strong> marcher,<br />

j’avais retrouvé une vigueur qui ne pouvait signifier qu’une<br />

chose : j’avais eu, sinon tout le repos dont j’avais besoin, du<br />

moins assez <strong>de</strong> sommeil pour reprendre mon chemin. Par<strong>de</strong>ssus<br />

tout, j’étais éveillé. Les poisons présents dans l’air ne<br />

m’avaient pas condamné à mourir sur place dans mon sommeil.<br />

- 39 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!