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Note de l'autour

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manquer mon coup. Puis il s’élança par-<strong>de</strong>ssus moi et me<br />

frappa la hanche <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pieds avant que j’aie pu réagir.<br />

« T’es rapi<strong>de</strong> comme une petite sauterelle, pas vrai ? dis-je.<br />

— Et toi lent comme un roc, hein ? » répondit-il.<br />

Je me jetai sur lui. Cette fois, il me laissa l’attraper et nous<br />

luttâmes pendant un bon quart d’heure. Mon poids et ma force<br />

l’empêchaient <strong>de</strong> me clouer au sol ; sa vitesse lui permettait <strong>de</strong><br />

m’échapper quand je l’enserrais dans <strong>de</strong>s prises à qui personne<br />

n’avait jamais su résister.<br />

« Égalité ? fit-il.<br />

— Je te veux dans mon armée, répondis-je.<br />

— C’est quoi, une armée ? »<br />

Dans mon univers, jusqu’alors, cela revenait à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r :<br />

c’est quoi, le soleil ?<br />

« Qu’est-ce qui cloche, chez vous ? Vous ne savez rien <strong>de</strong> la<br />

nourriture, du petit-déjeuner, <strong>de</strong>s armées…<br />

— Nous ne sommes pas civilisés », dit-il.<br />

Puis il m’adressa un large sourire et partit en courant. J’en<br />

avais fait autant quand j’étais gamin, forçant mes tuteurs,<br />

précepteurs et professeurs à me courir après où que j’aille. Cette<br />

fois c’était moi le suiveur, et je peinai à sa suite, montant <strong>de</strong>s<br />

collines rocheuses et glissant à bas <strong>de</strong> dunes. Le soleil tapait fort<br />

et je dégoulinais <strong>de</strong> sueur quand je contournai enfin un rocher<br />

qu’il venait <strong>de</strong> dépasser pour qu’il se jette sur mes épaules d’en<br />

haut.<br />

« Hue, dada ! Hue ! » s’écria-t-il.<br />

Je levai les bras et le re<strong>de</strong>scendis – il était plus léger que sa<br />

taille ne le laissait supposer.<br />

« Dada, répétai-je. Tu connais les chevaux ? »<br />

Il haussa les épaules. « Je sais que les gens civilisés montent<br />

<strong>de</strong>s chevaux. C’est quoi, un cheval ?<br />

— C’est quoi, un rocher ? répondis-je, exaspéré.<br />

— La vie, fit-il.<br />

— Qu’est-ce que c’est que cette réponse ? Un rocher, c’est tout<br />

ce qu’il y a <strong>de</strong> plus mort ! »<br />

Son visage s’assombrit.<br />

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