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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE III-3Perception du risque de transmission et sexualitéird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012des recherches attestant de l’efficacité du traitement,l’avis des experts a évolué. En 2009, en France leConseil National contre le Sida a diffusé un avis (5)qui reconnait que « le traitement diminue le risque detransmission du VIH » mais « ne peut garantir uneabsence totale de risque de transmission ». Il recommandedésormais une « complémentarité » entrel’usage du préservatif et celui du traitement ARV. Lerapport Yéni 2010 confirme cette orientation à traversla recommandation d’une approche centrée sur laréduction des risques sexuels (Rdrs) par la « préventioncombinée ». Même en cas de bon statut immunologique,le rapport estime que le « souhait deréduction du risque de transmission sexuelle »permet désormais d’initier un traitement ARV avec lapossibilité de recourir au « contrôle de la chargevirale comme une méthode de réduction des risquessupplémentaires et efficace lorsque le préservatifn’est pas utilisé ». Ces propos témoignent del’influence des résultats des recherches sur l’usagedes antirétroviraux sur la prévention de la transmissionsexuelle désormais reconnue comme stratégiede prévention par des autorités de santé publique.Dans le même temps, des modélisations suggèrentl’intérêt collectif d’un dépistage massif, et d’un traitementsystématique de toute personne de statut VIH,quelque soit son statut immunologique, pour limiter ladiffusion de l’épidémie à VIH/sida dans les pays duSud même en l’absence de technologies de suivi deseffets immunobiologiques (12).Ce texte propose de contribuer à la réflexion surl’usage des HAART et leur impact sur la préventionde la transmission sexuelle en Afrique à l’échelleindividuelle et collective en particulier sur les stratégiesde lutte contre le sida à partir de l’analyse despratiques sexuelles de patients sous ARV.Cette analyse est basée sur l’analyse de l’évolutiondes perceptions du risque liées à la transmission duVIH et des pratiques sexuelles chez des patientssous ARV depuis au moins 10 ans au Sénégal.Pour cela nous avons analysé l’évolution des représentations(efficacité des traitements, perception durisque de transmission sexuelle) et des comportementsliées à la sexualité (pratiques sexuelles liées àla prévention de la transmission sexuelle, prises derisques) de personnes traitées par ARV en moyennedepuis au moins 10 années et ainsi que les facteursqui influent les comportements (sexe, statut matrimonialet social, lepartage de l’information, l’appartenanceà une association). L’analyse met l’accent sur uneapproche compréhensive des logiques motivant lespratiques et ne vise pas leur quantification.En Afrique de l’Ouest, le Sénégal a été le premierpays à mettre en place un programme gouvernementald’accès aux traitements ARV en 1998 (6). Aprèsune prise en charge conditionnée par une contributionfinancière calculée en fonction des revenus despatients, la gratuité totale des ARV a été décidée en2003 ; elle a été complétée ensuite par une politiquede décentralisation du traitement vers des structuressanitaires périphériques. Ces mesures ont favorisél’augmentation progressive du nombre de personnesséropositives sous traitements ARV.En 2010, près de 75% des personnes de statut VIHqui avaient besoin de traitement ARV ont été traitées ;certaines depuis plus de treize années (4). La plupartdes personnes traitées depuis une longue périodeaprès une période d’inaptitude physique et de retraitsocial, ont repris leurs activités usuelles, sont de plusen plus soucieux de leur bien-être familial, social etde leur sexualité (11). Le retour à la santé s'accompagned’une réviviscence du désir sexuel et/ou du désird’enfant dans un contexte socioculturel qui valorise laprocréation, mais dont les représentations socialessur le VIH demeurent toujours péjoratives. Unepréoccupation récurrente est partagée par lespatients avec les professionnels de santé en chargede la thérapie ARV concernent les conséquencesdes traitements sur le risque de transmission du VIHà leurs partenaires sexuels.2. MATÉRIEL & MÉTHODECette étude a été menée auprès des participants dela cohorte ANRS 1215. Il s’agit de l’une des plusanciennes cohortes de patients traités par ARV enAfrique. elle est composée des 400 premiers patientsqui ont été pris en charge dans le cadre de l’ISAARV ;ces patients infectées par le VIH-1, ont débuté leurtraitement entre août 1998 et avril 2002 ; elles sontsuivies depuis leur initiation au traitement ARV tousles deux mois dans les quatre premiers sitescliniques de l’ ISAARV à Dakar : le Service des maladiesinfectieuses ; le Centre de traitement ambulatoiredu CHU de Fann ; deux services de médecine del’Hôpital principal de Dakar.Ces personnes sont suivies :- selon une approche biomédicale pour évaluerl’efficacité, la tolérance, l’observance, et l’émergencede résistances aux antirétroviraux ;- selon une approche anthropologique pour évaluerle vécu du traitement et les changements sociaux etcomportementale.146

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