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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-7Les personnes âgées et la fréquentation des associationsird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012tion de pvVIH, ça ne sera pas facile de bénéficier desaides, il faudra te battre durement, et personnellementje ne vendrais pour rien au monde ma dignité ».<strong>Salif</strong>, homme marié, âgé de 59 ans, sans emploi etnon-associatif, dit :« Les mouvements associatifs, vous savez… les associations,sont des lieux ou les gens ne sont animés quepar des intérêts individuels, ils sont prêts à s’entre-tuerjuste pour des problèmes d’argent, et moi je ne peux pasévoluer dans les milieux conflictuels ».Ces propos illustent le fait que la plupart des personnesâgées qui ne fréquentent pas les associations ontdes préjugés à leur propos, qui influencent probablementleur attitude.La marginalité des membres associatifsUne autre critique envers les associations concerne lamarginalité supposée de leurs membres. Les associationssont des milieux ouverts. Certaines personnesâgées les évoquent comme un melting-pot ; autrementdit, elles ne voient dans les associations que desdrogués et des travailleuses de sexe. Cette perceptionnégative est plus ou moins partagée par d’autrespvVIH qui expliquent ainsi leur réticence à les fréquenter.Selon Ndeye, femme veuve, âgée de 56 ans,ménagère et non-associative :« Je ne me retrouve pas avec eux. Je ne me retrouvepas dans les associations, c’est un milieu ou les gensd’une certaine éducation ne peuvent pas fréquenter.Et en plus j’ai peur que l’on me découvre et ce seraitcatastrophique. Il y a aussi le fait que tu peux rencontrerlà-bas quelqu’un qui te connait ».Le décalage socialNdeye dit aussi :« Je sais que ce sont des gens qui ont la même maladieque moi, mais les éducations ne sont pas lesmêmes. Tu sais, moi, j’ai été une fois dans les associations,mais je n’ai pas duré là-bas, parce que, je nepouvais pas rester avec eux, il y avait des personnesbizarres, des personnes libertines, quand tu les vois,tu sauras que ces personnes ont leur totale liberté, ilsdisent ce qu’elles veulent, sans pudeur, et moi mareligion m’interdit de m’asseoir avec certaines personneset je ne veux pas même pas prononcer leursnoms. Et j’ai arrêté de les fréquenter ».Cet extrait évoque plutôt un décalage « moral » ou undécalage social lorsque le terme « éducation » estemployé. D’autres personnes disent que les membresdes associations sont des cas sociaux.Le décalage générationnelDes personnes qui fréquentent les associations disentqu’elles sont parfois génées de participer aux activitésen présence de jeunes, et de s’exprimer devant eux.Dans certains cas cela va plus loin, et des réactionsdésagréables des jeunes envers les plus âgés ont étérapportées. Binta, femme veuve, âgée de 52 ans,ménagère et membre d’une association de pvVIH,raconte :« Bien que nous sommes pareils, parfois ça ne manquepas de jeunes, surtout quand il y a de nouveaux venusdans l’association. Un jour je prenais la feuille deprésence et une jeune fille murmure dans l’oreille dansson amie « cette personne âgée fait partie de nous »avec un regard méprisant. Je suis revenue chez elle etje lui dit, ma fille ici tout le monde est égal, nous vivonsla même chose, évitez certaines choses. Depuis lorsnous sommes devenues des amies ».Selon elle, la situation est révélatrice d’une distancegénérationnelle entre les jeunes et les sujets âgés.4.4. Les rapports entre besoinsdes personnes et offre associativeUn de nos objectifs était de préciser les besoins prioritairespour lesquels les personnes âgées de plus de50 ans souhaitent une aide des associations.Les besoins prioritaires soumis aux associationsLes données empiriques montrent que les personnesâgées ont des besoins prioritaires partagés à la foispar les personnes âgées « associatives » et « non-associatives». Ces besoins ressentis peuvent êtreclassés en quatre catégories : les besoins de surviephysiologique, psychologique, socio-économique etthérapeutique.Pour la survie physiologique : la nutritionet l’aide alimentaireDans ce domaine, les besoins ressentis pour lesquelsle rôle des associations est attendu est la nutrition, unélément fondamental pour la bonne prise en chargethérapeutique avec les ARV. Selon Fanta, femmedivorcée, âgée de 56 ans, commerçante et membred’une association de pvVIH,« … Vous savez que les ARV requierrent une bonne288

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