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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE II-3Santé sexuelle : étude exploratoireird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012« pour ne pas être irrité », mais il ne peut plus en mettreactuellement à cause de troubles de l’érection. Ellepose des questions sur le préservatif féminin : « Monmari à deux takko [épouses qui ne partagent pas ledomicile], il est stressé par le risque de transmissionaux autre femmes qui seraient séronégatives, il faitmoins de rapports avec moi… Je préfère divorcer car jene suis pas satisfaite en réalité ».D’autres fois, l’insatisfaction est décrite comme uneréaction personnelle :Anta, F, 39 ans, 11 ans de traitement ARV, mariée àl’âge de 17 ans : « Depuis que j’ai appris que je suisséropositive, je n’ai plus eu de désir sexuel, si mon maridemande, je ne refuse pas parce que l’Islam interdit derefuser, mais je n’ai pas de plaisir »Aby, F, 51 ans, 6 ans de traitement ARV, veuve à deuxreprises, 3ème mariage, conjoint séronégatif en 2009 :« Je n’ai pas de désir et pas de plaisir pendant lesrapports, je souffre quand mon mari met des préservatifsà cause des frottements, je n’ose pas lui en parler, etpuis mon mari ne veut pas mettre de préservatif parceque ça fait des irritations, il n’a pas de plaisir, il n’aimepas les préservatifs… mais, je ne suis pas ”transmissible”car je me traite depuis 5 ans ».Les hommes témoignent moins directement de leurinsatisfaction sexuelle lorsqu’elle est isolée, mais elleapparaît souvent au décours des demandesd’information. La crainte de la transmission de la maladieest encore au premier plan et se manifeste par laréduction des caresses et l’évitement des contactsbuccaux.Le plus souvent l’insatisfaction sexuelle est rapportéeau sein d’un ensemble de plaintes associant pour chezfemmes baisse du désir sexuel, baisse de l’excitationsexuelle, crainte de la transmission de la maladie, etrapports sexuels douloureux, qui perturbent la relationavec le partenaire. Ces craintes conduisent parfois àl’évitement des relations sexuelles :Ama, F, 44 ans, 10 ans de traitement ARV, célibataire,elle entretient une relation affective forte avec unhomme depuis plusieurs années mais refuse touterelation sexuelle de peur de transmettre la maladie, «Je n’ai informé personne de ma famille à propos de mamaladie parce qu’il disent que ce sont les mauvaisespersonnes qui ont cette maladie », elle redoute égalementd’informer son compagnon, elle détourne alorstoute tentative de relation sexuelle, « J’accepte qu’ilm’embrasse mais je ne veux pas qu’il me caresse et jene le caresse pas car je ne veux pas que cela lui donneenvie d’avoir une relation sexuelle, mais je medemande si l’absence de pénétration/éjaculation nerisque pas de le rendre malade », « Ma plus grandedifficulté est de ne pas pouvoir révéler mon statut,tout le monde me demande pourquoi je ne veux pasme marier ».Tous les hommes venus à la consultation de sexologiese plaignent d’une insatisfaction sexuelle. Cetteinsatisfaction est associée pour sept d’entre eux àdivers degrés de dysfonction érectile ; ils ont entre 49et 65 ans. Certains hommes se plaignent de troublesde l’érection depuis plusieurs années mais ce symptômedevient de plus en plus fréquent et invalidant,conduisant à diverses formes de désinvestissementde la sexualité : « Je n’ai plus envie d’avoir desrelations sexuelles, j’y pense de moins en moins »confie un homme âgé de 66 ans, depuis 11 ans traitépar ARV qui se plaint d’érection molle depuis 4 ans.L’insatisfaction est parfois attribuée à une baisse deperformance : « J’ai deux épouses, avant, je pouvaisavoir un à deux rapports sexuels par nuit avec mesfemmes, mais maintenant, mes femmes veulenttoujours en faire plusieurs mais je ne peux plus »déclare un homme âge de 45 ans, traité depuis 10ans. Un couple a évoqué une étiologie magique auxtroubles de l’érection du mari, en la considérantcomme la conséquence d’un « maraboutage » lié àun conflit de voisinage.La dégradation de la sexualité conduit à diversesformes de tension conjugale :Macky, H, 57 ans, 8 ans de traitement ARV, se plaintde dysfonction érectile à type d’érection instabledepuis 3 ans : « Ce qui m’arrive n’est pas lié au traitement,car j’ai des amis qui ont ce même traitement etils n’ont pas les mêmes soucis ; je pensais que c’étaitlié à ma femme, qu’elle était déçue parce que je lui aitransmis la maladie, elle a juste répondu qu’elle n’aplus besoin de rapport sexuel ; je pense que c’est lié àma maladie parce que j’ai essayé avec d’autresfemmes et c’est pareil ».Maodo, H, 49 ans, traité depuis 11 ans par ARV, semarie avec une femme séronégative en 2003, informéedu statut sérologique avant le mariage, il se plaint dedifficultés d’érection et d’éjaculations précoces,« Qu’est ce que je peux faire ? Elle a peur de moi, ellecontrôle tout, elle vérifie toujours que la capote n’estpas trouée ; ma femme m’aime, mais elle n’aime pasmon statut, elle profite de son statut de séronégatif pourêtre exigeante et me blesser, je suis en positioninférieure, elle me stresse, elle a tout le temps peurd’être infectée. »87

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