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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE III-4 Les plaintes et leur interprétation : effets des antirétroviraux, du VIH ou du vieillissement ?ird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012des effets indésirables, jusqu’à l’apparition d’un secondeffet qui l’empêche de lutter contre le premier :« Je faisais du sport et cela permettait à la graisse defondre, mais je ne le peux plus à cause de mes pieds.J’ai la neuropathie et c’est un effet du médicament. Sijamais je cours, mes pieds commencent à enfler. Cequi fait que je n’arrive plus à faire d’activités physiques». (Abdou) (7)En résumé, certains patients rapportent des troublesplus ou moins anciens, souvent transitoires, qui peuventêtre peu spécifiques (fatigue), identifiés par la médecinecomme des effets indésirables des antirétroviraux(neuropathies, troubles psychiatriques…), relever desyndromes ou pathologies liés au VIH (diabète, hypertension),ou moins caractérisés. Dans le continuum dessymptômes, entre des effets caractéristiques et connusen thérapeutique qui ont conduit à un changement detraitement, et des signes non spécifiques, les patients «gèrent » leurs plaintes avec le médecin ou le pharmacien,à l’exception de plaintes perçues comme troptriviales ou intimes pour être mentionnées, ou tropcomplexes (notamment du fait d’un cumul de troubles)pour être endiguées par l’intervention des soignants.3.2. Les perceptions du traitementantirétroviral au long coursL’expérience des effets des traitements antirétrovirauxet leur expression sous la forme de plaintes sontmodulées par le rapport au médicament. Les travauxen anthropologie du médicament ont montré que sescaractéristiques matérielles, ses dimensions symboliques(représentations des produits et significationsassociées) et ses dimensions sociales (modalités degestion et de circulation, support d’échanges, decommmunication et de rôles sociaux) –que nousincluons dans la notion de « rapport » au médicamentpeuventamplifier, modérer ou réorienter les perceptionsdes effets des traitements (Nichter et Vuckovic1994). Nous considérerons ces dimensions au traversde trois aspects: les désignations des médicaments,les discours généraux sur les effets du traitement(au-delà des plaintes), et les discours sur le moded’action des antirétroviraux.(7) Ce patient souffre de neuropathies périphériques provoquées par D4T-DDI.(8) Cette situation et ses conséquences en termes d’éducation thérapeutiqueont été analysées dans une communication : Les changements de formescommerciales des médicaments antirétroviraux et leur impact sur ladispensation dans un pays à ressources limitées: l'exemple du CentreRégional de Recherche et de Formation de Fann (CRCF), Dakar, Sénégal.M.B. Koita Fall, A. <strong>Desclaux</strong>, M. Maynart, M. Basse, B. Ndiaye, PS. <strong>Sow</strong>,Crcf Group. Conférence AFRAVIH, Genève, 25 au 28 mars 20123.2.1. Désignations et distinctionsentre médicamentsSeule une minorité de personnes désignent les médicamentspar leur nom (soit DCI -dénomination communeinternationale- soit nom commercial). Ainsi dansl’enquête auprès des veuves où ce thème a été exploréde manière systématique, seulement trois personnessur 31 utilisent un nom spécifique pour chaque produit :il s’agit de deux personnes médiatrices de santé etmembres associatifs et d’une personne ayant un niveaud’éducation élevé. Quelques personnes mentionnentdes appellations dérivées du nom du médicament (parexemple ‘estocrin’ pour stocrin) qui peuvent être ou pasdes dérivés usuels (tels que ‘éfa’ pour efavirenz). Lesautres personnes expliquent qu’elles connaissent néanmoinsleurs médicaments, même si elles ne peuventpas les nommer, et les reconnaissent de deux façons :par leurs caractéristiques de forme, de taille et decouleur, et par la forme galénique (comprimés effervescents,gélules) ou parce qu’elles reconnaissent l'emballage.Conventions d’écritureLes ARV sont habituellement désignés sous les formes suivantes :DCI (exemple : névirapine)DCI abrégée (exemple : NVP)Nom commercial (exempe : Viramune ®)Les définitions suivantes sont utilisées dans cet article :Molécule : désigne un médicament contenant un principe actif,quel que soit l’excipientSchéma thérapeutique : désigne une combinaison de moléculesprescrites simultanémentIl s’agit surtout de reconnaître les médicaments que l’onprend soi-même et de les distinguer entre eux, parfoisen faisant jouer simultanément plusieurs principes decaractérisation, comme cette femme qui dit : « Il en a unqui est rose clair, un autre assez blanc et un troisièmequi est fin ». Ce mode de reconnaissance n’est passpécifique d’une molécule, car le même produit peutêtre distribué sous des formes commerciales différentesà diverses périodes, selon les fournisseurs ; dans ce casla forme et la couleur peuvent changer. En effet, depuis2005, les approvisionnements ont évolué, du fait deschangements de fournisseurs au gré des appelsd'offres. L’analyse rétrospective des prescriptionsconcernant 20 patients montre que le nombre de changementsde traitement peut être élevé : une personne(Fanta) a eu 13 changements de traitement qui correspondentà cinq changements de molécule (remplacementd'un médicament par un autre) et 8 changements decombinaisons entre les produits ou de formes commercialesen 12 ans de traitement. Ainsi l’on comprend queretenir les noms n’est pas aisé, d’autant plus que latrithérapie est délivrée sous 2 ou 3 formulations prisessimultanément (selon le schéma thérapeutique). Cettepersonne a utilisé simultanément ou successivement 13formes commerciales. (8)157

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