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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IIAspects biocliniques et comportementauxII-3Santé sexuelle : étude exploratoireJeanne Diaw, <strong>Bernard</strong> <strong>Taverne</strong>, Julie Coutherutird-00718213, version 1 - 16 Jul 20121. INTRODUCTIONLa santé sexuelle des personnes vivant avec le VIH,recevant des médicaments antirétroviraux, est undomaine quasi inexploré en Afrique. Ce déficit deconnaissance est à mettre en relation avec le peu detemps qui s’est écoulé depuis la généralisation desprogrammes d’accès aux médicaments ARV, le trèsfaible nombre de sexologues travaillant en Afrique, le trèsfaible investissement dans la recherche en sexologie surce continent, et la reconnaissance encore incomplète del’influence de la santé sexuelle sur l’adhésion des individusaux processus de prise en charge thérapeutique.L’émergence d’une réflexion scientifique sur ce thèmesuit un trajet comparable à celui emprunté dans les paysdu Nord, avec un décalage d’une dizaine d’années.Cette durée représente l’écart entre les pays du Nord etdu Sud pour la généralisation de l’accès aux médicamentsantirétroviraux.En effet, c’est à partir des années 1998 – 1999 quedans les pays du Nord les études sur la sexualité desPVVIH se sont progressivement écartées des approchesexclusivement épidémiologiques qui consistaientà décrire et analyser les pratiques sexuelles dans laseule perspective de l’évaluation des risques de transmissionet de leur écart aux messages de prévention.L’efficacité des multithérapies antirétrovirales a transformél’histoire naturelle de l’infection en une maladiechronique conduisant les personnes à une réorganisationde leur vie. Parmi les divers aspects de la viesociale et professionnelle, les dimensions affectives etsexuelles sont progressivement apparues commeétant des domaines nécessitant un approfondissementdes connaissances pour permettre un accompagnementplus adapté aux besoins des personnesvivant avec le VIH (Schiltz et al 2006). Diverses étudesont révélé que la restauration de la vie sexuelle favorisel’autonomie des personnes face au risque VIH etleur adhésion à la prise en charge médicale qu’imposela maladie (Troussier & Tourette-Turgis 2006).En Afrique, la plupart des travaux qui s’intéressentaux comportements sexuels abordent encore le sujetsous l’angle de l’impact des traitements antirétrovirauxpar rapport aux risques de contamination et depropagation du VIH ; tous font le constat que l’accèsà une prise en charge médicale adéquate par lesmédicaments ARV se traduit par une réduction descomportements à risque de transmission (Bateganyaet al 2005, Bunnell et al 2006, Dia et al 2011).Quelques travaux récents, en lien avec l’analyse de lamise en œuvre des programmes de prévention de latransmission de la mère à l’enfant du VIH, évoquent lesdynamiques conjugales postérieures au dépistage desfemmes lors d’une grossesse (Desgrées du Lou 2011) etles stratégies des femmes séropositives traitées par ARVpar rapport à leur choix reproductif (<strong>Sow</strong> & <strong>Desclaux</strong>2011). Cette dernière étude traite de l’évolution de laperception des risques par les femmes séropositivestraitées depuis plusieurs années par les médicamentsantirétroviraux, et évoque une possible « normalisation »de leur sexualité ; pour autant aucune information n’estapportée sur les pratiques sexuelles elles-mêmes.A ce jour, il semble que l’étude réalisée au Maroc etpubliée par El Fane et al (2011) soit la première et laseule, pour l’ensemble du continent africain, quipropose une exploration de la santé sexuelle depersonnes vivant avec le VIH.2. OBJECTIF DE L’ÉTUDECette étude est une recherche exploratoire sur lasanté sexuelle des PVVIH traitées par médicamentsARV dans le cadre de la cohorte ANRS 1215. Il s’agitde décrire les pratiques sexuelles des individus,d’inventorier les dysfonctions et autres plaintessexuelles exprimées, et d’analyser l’influence desreprésentations du VIH, du vécu de la maladie et destraitements, sur la santé sexuelle.3. MÉTHODE ET POPULATIOND’ENQUÊTEL’étude a été conduite entre octobre 2009 et mai2010. Les informations ont été collectées selon deuxméthodes complémentaires :– une enquête par questionnaire proposée à 185patients, insérée dans l’enquête « Devenir despatients ». Le questionnaire sexualité comprenaitcinq items abordant : une appréciation globale del’évolution de la sexualité depuis le début des traitementsARV, une quantification de l’activité sexuelledes derniers mois, l’usage des préservatifs pendantles trois mois avant l’enquête, une appréciation de la81

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