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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-2Le partage du statut sérologique avec l’entourageird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012statut sérologique était connu du partenaire sansnécessiter d’annonce explicite. Il se peut égalementqu’il y ait eu un biais d’interprétation lié à la traductiondu wolof au français.La transmission de l’information sur le statut VIH a puêtre faite de manière indirecte ou non-verbale. Serovich(34) a montré qu’il peut y avoir différentes façonsde « partager » son statut, la manière indirectepouvant être la plus utilisée notamment dans uncontexte de famille est élargie. Nos entretiens qualitatifsmontrent que certaines personnes utilisent desmoyens indirects pour faire connaître leur statut sérologiquesans l’énoncer. Aussi il est difficile d’interpréterleurs réponses à notre enquête, dont le questionnairen’était pas adapté à ces interprétations.Au début des années 2000, les soignants proposaientdans certains cas aux patients de faire l’annonce aupartenaire, éventuellement en leur présence.Plusieurs histoires de cas en attestent ; la personnen’a pas eu à informer son partenaire elle-même. Enfin,des couples se sont formés alors que les deux personnesconnaissaient leur statut VIH+ commun : dans cecas il n’y a pas eu d’annonce formelle car les personnesétaient informées a priori.Les « faux positifs » apparaissent de manière moinsexplicite dans cette étude, mais peuvent correspondreà la situation, décrite au Cameroun à propos d'hommespartenaires de femmes dépistées dans le cadrede la PTME (35), de conjoints qui semblent « fairecomme si » ils n’étaient pas informés de la séropositivitéde leur partenaire.6.5. « Partager » : des glissementssémantiquesNos résultats, et les limites de l’interprétation, conduisentà s’interroger sur la notion de « partage » dustatut VIH et son utilisation dans la littérature. Au préalable,il faut en rappeler la définition dans la languefrançaise. Des définitions données par le Robert (1) auverbe « Partager », celles qui font sens dans cecontexte ne sont pas la première (« Faire le partaged’un tout, d’un ensemble, le diviser en lots, en parts,en portions, en éléments qu’on peut distribuer àplusieurs personnes, employer à des usagesdifférents »), mais la seconde (« Donner à quelqu’unune part de ce qu’on possède, de ce qu’on acquiert,de ce qu’on reçoit ») et la troisième (« Posséder avec(1) Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française parPaul Robert, Paris : Société du Nouveau Littré, 1962, p. 142-143(2) http://oxforddictionaries.com/definition/disclosured’autres personnes : avoir part, prendre part à quelquechose en même temps que d’autres »). Alors que laseconde met l’accent sur l’acte ou le processus detransmission, la troisième met l’accent sur la communautéd’expérience, comme le montrent les synonymesindiqués (« participer, compatir, éprouver, sesolidariser, s’associer, communiquer »).La notion de « partage » est apparue assez tôt dansles publications en matière de VIH comme une notionse référant aux pratiques, avant qu’elle ne soit promulguéepar les institutions internationales. Ainsi dans sarevue de la littérature sur le conseil publiée en 1994,L. Vidal, signale que « la première phase du post-testconsiste à inciter le séropositif à partager l'informationreçue, dans la perspective initiale du conseil derompre la chaîne de transmission du VIH » (p. 167) etdiscute la « confidentialité partagée », qui serait« fondée sur la nécessité pour le patient de partageravec un proche les effets psychologiques du diagnostic» (1), p. 171. L’objet du partage est constitué del’information et de ses effets. L’annonce aux tiers est àcette période essentiellement faite par les soignants,et la notion de divulgation est fréquemment utiliséepour qualifier un acte d’information à l’insu de lapersonne concernée, à l’opposé du partage qui apparaîtcomme un acte approuvé. Au cours des années1990, la littérature reflête un glissement terminologique: la notion de partage s’applique à la confidentialité,puis au secret (36, p. 227), puis au statut VIH. Leterme est de plus en plus utilisé de manière isolée (onlit « le partage » sans spécification de ce qui estpartagé). Le glissement est double : la notion departage désigne de plus en plus fréquemment l’actede transmission de l’information, plutôt que la situationd’expérience commune; d’autre part le terme partageest appliqué à la transmission de l’information par Egoà un tiers, alors que le terme annonce est maintenupour qualifier la transmission du soignant à Ego.La question sémantique n’a pas la même acuité enanglais, où le terme disclosure renvoie explicitement àl’acte de transmission de l’information et au fait derendre public. Selon l’Oxford English Dictionary (2) ,disclosure signifie : « the action of making new orsecret information known » ou en 2ème sens « a fact,especially a secret, that is made known » (ce quedivers lexiques traduisent par : « révélation, divulgation,publication »).Ces différences linguistiques ont plusieurs répercussions.Outre le fait que nous ne partageons donc pasnotre inquiétude sémantique avec nos collèguesanglophones, il faut considérer que les étudesmenées en anglais ont exploré une définition plus209

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