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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE V-3Evolution des coûts hors médicaments antirétrovirauxird-00718213, version 1 - 16 Jul 20124.4. mise en perspective pour un dispositifd’exemption des paiementsCette étude a permis d’actualiser l’estimation descoûts hors ARV à la charge des patients qui avait étéprécédemment réalisée en 2006 (<strong>Taverne</strong> et al2008). L’étude précédente, menée sur la période2003 – 2005 alors que les patients de la cohorteANRS 1215 avaient une durée de prise en chargemédiane de 48 mois [40 – 62 mois], avait estimé lecoût total à environ 106 €/patient/an. Les valeursactuellement proposées, entre 100 et 125 €/patient/anne traduisent pas l’explosion des coûts tant redoutéepar les responsables des programmes de santépublique.Une attention particulière doit être accordée aux hospitalisations.Le coût annuel pour les patients hospitalisésest supérieur à 100 € pour 10 des 44 patients concernés(23%). Les hospitalisations coûtent cher, lespatients et les responsables de programme le savent.Une étude exploratoire prospective des dépensesengagées par 30 patients hospitalisés en 2006 dans leService des maladies infectieuses du CHU de Fann amontré que pour une durée moyenne du séjour hospitalierde 26 jours (mini : 2 jours – maxi : 79 jours), le coûtmoyen total pour le patient était de 283 € (mini : 48 € –maxi : 1966 €). Cette étude a aussi montré que face àde telles dépenses, le tiers des patients a refusécertains examens (radiologie, échographie, scanner)ou l’achat de traitements médicaux (23% des médicamentsnon achetés étaient des antibiotiques) (Iboudo2007). Pour assumer de telles dépenses les patientssont contraints de mobiliser l’ensemble de leur épargneet celle de leur famille. La répétition d’un telévénement est impossible. Les observations conduitesauprès des patients de la cohorte ANRS 1215confirment donc le coût élevé des hospitalisations.Mais elles révèlent surtout que pour une populationbénéficiant d’un suivi médical de bonne qualité, lenombre total d’hospitalisations rapporté au nombredes patients suivis est peu important (il représente 1à 6% des patients suivis selon les années) et que lecoût total des hospitalisations ne représente que 3%du coût total de la prise en charge. Dans une logiquede mutualisation des charges, le coût des hospitalisationsapparaît ainsi marginal.(1) Les dépenses de santé sont définies comme catastrophiques lorsque lescoûts des soins de santé représentent une part importante des ressources duménage et détournent la consommation des produits de base ou bien forcent leménage à utiliser ses économies, vendre des actifs, ou emprunter de l'argent.Les dépenses de santé sont définies comme catastrophiques lorsque leurmontant est supérieur à une proportion préalablement définie en % desressources des individus (ou des ménages) ; cette proportion est fixée selon lesauteurs entre 20 et 40% du revenu total de l’individu ou du ménage (Beaulièreet al 2010, Xu et al 2003).5. CONCLUSIONLe montant des coûts directs de la prise en chargemédicale des patients traités par médicaments ARVau Sénégal est proche de celui estimé dans d’autrespays d’Afrique. L’étude actuelle révèle la stabilité deces coûts sur les dix premières années de suivi. Pourles patients, le montant de ces coûts représente unecharge financière majeure qu’ils ne pourront assumerpendant toute la durée de leurs soins. Mais, rapportésaux investissements qui ont été réalisés par la plupartdes pays pour lutter contre l’épidémie, ces coûts apparaissentsuffisamment faibles pour permettre leur couverturepar les programmes de prise en charge.Un constat identique est réalisé par tous les auteursayant conduit des études sur les coûts directs des soinsà la charge des patients (Rosen et al, 2007, Boyer et2009, Beaulière et al 2010) : il est nécessaire de mettreen place des mécanismes de financement qui allègentles charges financières des patients afin de garantir lacontinuité de la prise en charge médicale et de prévenirl’épuisement économique des patients. Ce constat étayede manière indiscutable la recommandation de l’OMS de2005 en faveur de l’exemption des paiements pour lespatients des pays pauvres.6. RÉFÉRENCESBEAULIÈRE A, TOURÉ S , ALEXANDRE PK , KONÉ K , POUHÉA , KOUADIO B, JOURNY N , SON J, ETTIÈGNE-TRAORÉ V,DABIS F, EHOLIÉ S, ANGLARET X. The financial burden of morbidityin HIV-infected adults on antiretroviral therapy in Côte d'Ivoire.PLoS One., 2010, 5 (6), e11213.BOYER S, MARCELLIN F, ONGOLO-ZOGO P, SÉVERIN-CÉCILEABEGA S.-C, ROBERT NANTCHOUANG R, BRUNO SPIRE B,MOATTI J.P. Financial difficulties in accessing HIV care unYaoundé. Bulletin of the World Health Organization, 2009, 87,279–287.COUDERC M., Enjeux et pratiques de la recherche médicaletransnationale en Afrique. Analyse anthropologique d’un centre derecherche clinique sur le VIH à Dakar (Sénégal). Thèse de Doctoraten Anthropologie. UPCAM. 2011, 511p.CANESTRI A, TAVERNE B, THIAM S, LAURENT C, ET, AL. Coûtdirect du suivi médical à la charge des patients hors antirétroviraux.In: DESCLAUX A, LANIECE I, NDOYE I, TAVERNE B.L'Initiative sénégalaise d'accès aux médicaments antirétroviraux.Analyses économiques, sociales, comportementales et médicales.Paris: ANRS, 2002, 55-66.Division de Lutte contre le Sida et les IST, Guide de prise encharge de l’infection à VIH/sida au Sénégal, Ministère de la Santé,de l’Hygiène et de la Prévention, Dakar, Sénégal, 2009, 91p.GILKS C F, CROWLEY S, EKPINI R, GOVE S, PERRIENS J,SOUTEYRAND Y, SUTHERLAND D, VITORIA M, GUERMA T, DECOCK KM. The WHO public-health approach to antiretroviraltreatment against HIV in resource-limited settings. Lancet, 2006,368, 505–510.325

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