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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE III-4 Les plaintes et leur interprétation : effets des antirétroviraux, du VIH ou du vieillissement ?Dans le TABLEAU 1, l’astérisque signifie un changementde schéma thérapeutique ou de molécule. Desmédicaments portent la DCI comme nom commercial:ce sont des génériques. Ils peuvent être vendus parplusieurs firmes qui les présentent sous des formesdifférentes. C’est le cas des produits suivants :formations dans les associations ne font pas ladifférence entre divers médicaments et ne savent pastoujours à quoi correspond le terme « ARV ».Certaines personnes ont pris l’habitude d’utiliser le termeguërtégui (arachide) en public. Selon une médiatrice :DCI et NOMAbacavirTenofovirEfavirenzLopinavirDidanosineFIRMESCipla, MatrixMatrix, Hetero DrugsMatrix, Hetero DrugsMatrix, AurobindoAurobindo« C’est parce qu’ils ressemblent à de l’arachide,surtout le combivir et la névirapine ressemblent beaucoupà de l’arachide. Estocrin (stocrin) ressemble à unœuf. En plus, la plupart des patients prennent du combiviret du névirapine, c’est pourquoi on appelle lesARV guërtégui ».Cette stratégie est promue et conseillée en particulierdans une association. Une de ses membres explique :ird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012Les changements de forme commerciale, de moléculeet de schéma théraeutique, peuvent être a prioridéroutants pour les patients. En effet, les firmes necherchent pas à maintenir une similitude de formepour des médicaments correspondant à la même DCI,d’autant plus qu’elles peuvent être en situation deconcurrence. Ainsi, la névirapine, qui fut longtempsprésentée sous la forme d’un petit comprimé rond etblanc bien identifiable, est en août 2011 fournie sous laforme commerciale Nevivir®, de la firme GenX, qui seprésente comme un comprimé blanc oblong. Cecipeut générer de nouvelles similitudes sources deconfusion : le comprimé oblong et jaune d’Abacavir estdésormais tout-à-fait similaire à un générique duKaletra®, alors que celui de la spécialité Kaletra® esttrès différent. Pour la pharmacienne, ceci nécessiteune explication à chaque changement, ce qui laconduit à montrer au patient la forme antérieure et laforme nouvelle du médicament.Les personnes interrogées ne font pas de remarquesqui distingueraient les génériques, qu’elles ne mentionnentpas de manière spécifique ; on ne retrouve pas depropos témoignant de réticences équivalentes à cellesobservées au moment de la mise en circulation desgénériques, en 2005 (9) . Pour les personnes qui gardentles boîtes avec elles (contrairement à celles qui préfèrentchanger de boîte à la pharmacie pour ne pasrisquer de faire l’objet de remarques par des tiers), lespharmaciens aident l’identification en mettant desmarques ou en indiquant les posologies sur les boites.La majorité des personnes désignent les ARV par leterme garabyi ou médicament. De l’avis de membresassociatifs, les personnes qui n’ont pas un niveaud’éducation élevé et qui n’ont pas participé à des(9) cf. Fanget, D., 2005« Ce n’est pas seulement à cause de la ressemblancequ’on l’appelle guërtégui, mais cela nous permet d’enparler sans que les autres comprennent. C’est unesorte de code. Parfois on peut être dans un transporten commun et dire ‘bilay, guërtégui yégne ko diaféné’(ce n’est pas facile de croquer cette arachide) parexemple. Ainsi, les autres ne vont pas comprendremais nous, nous allons nous comprendre. »Enfin une personne, imprégnée du souci de ne paspermettre l’identification d’un antirétroviral, désigneson médicament par un terme euphémisant :« Moi je ne prononce même pas leurs noms. Je ne fais queles prendre… J’avais des problèmes de nerfs, je les considèrecomme des médicaments pour les nerfs. Chaque foisque j’oublie de les prendre, mes enfants me disent «Maman, tu ne prends pas tes médicaments, tu risques dete réveiller avec des problèmes de nerfs » (Sofiatou).Les termes de « première ligne » et « deuxième ligne »sont également utilisés par des personnes qui neconnaissent pas toujours le nom (DCI ou commercial)spécifique des antirétroviraux, notamment lorsqu'elles--mêmes ont dû changer de régime thérapeutique. Leterme Bactrim est largement connu, cité par des personnesqui ne connaissent aucun nom d'antirétroviral.3.2.2. Les discours sur un traitement toujours salvateurLa quasi-totalité des personnes qui se sont expriméescommentent le traitement de manière très positive. Cetteappréciation se décline de diverses manières. Certainesmanifestent un rapport souvent assez direct au médicament,qui ne semble plus soulever de question :« Je ne sais pas (autre chose), mais je sais que lesmédicaments sont efficaces » (Coumba).159

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