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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-4Les attitudes en matière de procréationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012intégré aux consultations prénatales tend à devenir unacte médical qui « rassure » sur le statut VIH, accroîtle taux de réalisation du test, et favorise l’accès à lathérapie antirétrovirale pour les femmes dépistéespositives, mais n’améliore pas les connaissances desfemmes enceintes sur la prévention du VIH et ne lesprépare pas à l’annonce d’un statut sérologique positif.Tous les professionnels de santé que nous avonsinterrogés ont fait part des difficultés pour annoncer unesérologie positive au VIH à une femme enceinte. Ilsexpliquent que l’annonce est d’autant plus difficile que lafemme est jeune et qu’elle n’a jamais été mère ouqu’elle a peu d’enfants. Les sages-femmes ont peud’expérience dans le suivi des grossesses des femmesséropositives. Lorsqu’un test VIH est positif, ellesdemandent à la femme de revenir refaire le test sans luiannoncer directement le résultat, en lui précisant toutjuste que le « résultat n’est pas clair ». Lorsque la femmerevient, elles la référent à l’assistante sociale pourreprendre le processus de dépistage VIH complet. A cemoment, l’assistante sociale effectue un counselingpré-test, réfère la femme au laboratoire pour un suivid’un nouveau dépistage VIH ; puis en cas de confirmationdu statut VIH, le counseling post test et l’annoncesont réalisés. Peu de sages-femmes ont déjà effectuéune annonce de test VIH positif. Lorsque la séropositivitéVIH est confirmée, les femmes sont immédiatementréférées vers une structure spécialisée dans la prise encharge des femmes enceintes ou vers les « spécialistes» du VIH au sein de la structure de santé. Lessages-femmes ne revoient généralement pas lesfemmes séropositives qu’elles ont dépistées.Au moment de l’annonce, beaucoup de femmes enceintesséropositives enquêtées rapportent l’hésitation, lapeur, et parfois l’absence de précision voire l’ambiguïtédes mots prononcés par les professionnels de santé.Certaines femmes ont raconté comment au momentd’annoncer les résultats des soignants ont été submergéspar l’émotion, et incapables de prononcer le motsida. Elles ont interprété ces difficultés comme la manifestationde la gravité de leur affection et des difficultésauxquelles elles auraient à faire face pour leur prise encharge. Certaines femmes peuvent demeurer très affectéespar les circonstances de cette annonce, et enpleurent à chaque fois qu’elles en reparlent.C’est le cas d’Aminata, dépistée séropositive à l’âge de25 ans lors de sa première grossesse. Elle explique qu’ila fallu plusieurs « va et vient » entre deux sages-femmesqui ont refusé de faire l’annonce en raison de « sonâge et surtout la grossesse ». Finalement, elle a étéréférée chez l’assistante sociale du centre de santé« spécialisé » qui lui a annoncé sa séropositivité enreprenant le circuit complet décrit plus haut.Les propos tenus lors de nos entretiens par les professionnelsde santé qui effectuent l’annonce d’une séropositivitésont dominés par le souci de la dédramatisationde l’infection à VIH. Ils débutent par des propos moralisateurs,faisant appel à la religion ou aux valeurs derésignation féminine face à un destin contre lequel « onne peut rien ». Puis ils rappellent aux femmes qu’enfaisant un test VIH, elles ont donné leur consentementpour savoir ». Après divers détours, ils finissent par expliqueraux femmes qu’elles ont « le germe de la maladie »ou « dama am bene domo dinguer thi sama yaram »(littéralement : « avoir l’enfant de la maladie en soi »).Deux situations sont décrites : certains soignantsdemeurent très flous dans les termes employésjusqu’au bout de l’entretien ; d’autres arrivent progressivementà prononcer le terme sida. Tous les proposrecueillis auprès des personnes enquêtées rapportentqu’au cours de l’annonce, l’accent est immédiatementmis sur les bénéfices liés à la « chance » d’éviter letransmettre le VIH à leur enfant et de pouvoir bénéficierle plus tôt possible d’un traitement efficace gratuit.Dans la plupart des cas, les professionnels de santéqui effectuent l’annonce prennent le temps d’échangeravec les patientes sur leurs préoccupations et de leurfournir des informations souhaitées. Ils expliquent lesétapes liées à la prise en charge avant et aprèsl’accouchement et les modalités de prise en charge enprécisant celles liées à la thérapie antirétrovirale. Siles explications sont poussées sur le dispositif de priseen charge, le discours demeure limité sur les modalitésde transmission du VIH. Devant le souhait de lamajorité des femmes de comprendre les circonstancesdans lesquelles elles ont pu être infectées par leVIH, alors qu’elles estimaient que leur mode de vie lesexcluait a priori du risque d’être infectées par le VIH,de nombreux soignants sont très évasifs : parfois ils secontentent de rappeler les modalités de transmissiondu VIH. Devant les soupçons portés par certainesfemmes sur leur conjoint qui a été leur seul partenairesexuel, les attitudes des professionnels de santé sontvariables. Certains d’entre eux évitent de confirmer oud’infirmer cette possibilité, certains l’écartent enévoquant la multiplicité des « risques de transmission »par des gestes de vie courante, d’autres n’hésitent pasà « accuser » le conjoint. Dès que l’annonce de laséropositivité est effectuée, les professionnels desanté conseillent à toutes les femmes de partagerl’information avec un membre de leur entourage.3.1.2. Partager avec le conjointEn général, les professionnels de santé recommandentaux femmes d’informer leur conjoint pour qu’ilpuisse effectuer le test VIH. Ils leur laissent la possibi-231

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