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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE II-3Santé sexuelle : étude exploratoireird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012Les motifs de consultation non sexologiquesDeux patientes ont motivé leur consultation par desplaintes gynécologiques (leucorrhée pour l’une,masse périnéale qui s’est révélée un cystorectocèlede grade 2 pour l’autre) ; un couple est venu àl’initiative de l’homme pour tenter de favoriser undialogue avec son épouse dans une situation deconflit lié à la co-habitation dans une maison familialerefusée par la femme.4.3. Les pratiques sexuellesLes plaintes et des symptômes témoignent del’expérience subjective des personnes sur leursexualité (Bozon, 1995:48). Dans le cadre del’entretien clinique de la consultation de sexologienous avons tenté d’objectiver les pratiques sexuellesafin de mettre en relation les pratiques effectivesavec les expériences subjectives. L’objectif était dedresser un inventaire des pratiques sexuelles de cespatients (celles mises en œuvre et celles qui ne lesont pas), d’identifier leur évolution et leur adaptationen lien avec la maladie et de recueillir les justificationsproposées par les personnes. Les pratiquesseront considérées ici à travers quelques-uns desprincipaux scripts sexuels élémentaires qui formentles unités à partir desquelles s’organise l’acte sexuel(regard, baiser, caresse, pénétration). Tous lesscripts sexuels élémentaires ne font pas nécessairementpartie du lexique sexuel de chaque couple,nous nous sommes intéressés à ceux qui sontaltérés du fait de la maladie.Le regardNeuf personnes affirment ne pas intégrer le regarddu corps nu du (ou de la) partenaire dans leur scriptsexuel. Le non recours au regard comme sourced’excitation sexuelle est parfois rapporté à unenorme religieuse, parfois à la pudeur d’un des membresdu couple. Deux personnes évoquent un évitementqui s’est installé peu à peu à cause de la maladie: un homme témoigne qu’il refuse que sa partenairele regarde nu « car [je] suis devenu trop maigre »,un autre affirme que son épouse ne veut plus semontrer nue devant lui « à cause des marques de samaladie ».Le baiserHuit personnes témoignent de leur arrêt de la pratiquedu baiser ; cinq d’entre elles justifient cet abandonpar la crainte de la transmission « de la maladie »,« de maladies », ou « des infections ». Un hommeaffirme : « Avant oui, j’embrassais ma femme, maismaintenant plus, car il y a un risque de transmission » ;un autre dit encore « Depuis la maladie, je ne l'em--brasse plus ». Une femme évoque en outre lemanque d’hygiène buccale de son mari ; un hommeaffirme que le baiser est contraire à sa pratiquereligieuse ; pour deux hommes, l’absence de la pratiquedu baiser dans leurs couples respectifs sembleplus lié à une détérioration globale de leur pratiquesexuelle.Les caressesUn seul cas de restriction des caresses manuellessur l’ensemble du corps a été noté, il s’agit d’unefemme qui accepte les baisers mais refuse de caresserson compagnon – séronégatif selon elle – decrainte de créer chez lui une excitation sexuellequ’elle ne pourrait apaiser par un coït qu’elle refusepar crainte de lui transmettre la maladie. Pour toutesles autres personnes rencontrées, il n’a pas été notéde restriction des caresses manuelles sur l’ensembledu corps (hors organes génitaux) en lien direct avecl’infection par le VIH. Plusieurs personnes témoignentd’une orientation toujours identique des caresses(la femme donne/l’homme reçoit ou le contraire)selon une dynamique qui semble propre à chaquecouple. Deux hommes témoignent de l’abandon descaresses dans le cadre plus général d’une détériorationde la relation conjugale.Deux personnes rapportent leur crainte de la contagionà l’occasion de caresses manuelles des organesgénitaux de leur partenaire. Cette crainte de la contagionest décrite tout autant par celui qui reçoit lescaresses que par celui qui les donne ; une femmeaffirme : « J’ai peur des infections quand il caressemon sexe avec sa main ». Deux femmes et troishommes affirment avoir arrêté les caresses buccogénitalespar crainte des infections. Deux personnes(une femme, un homme) affirment ne pas pratiquerles caresses bucco-génitales par interdit religieux.La pénétrationLa pénétration vaginale est décrite comme douloureusepar quatre femmes : elles se plaignent« d’irritations », de rapports traumatiques attestés parla présence de sang sur le sexe du partenaire ou surle préservatif. Ces douleurs sont liées à des insuffisancesde lubrification par défaut d’excitationsexuelle. L’une d’elle se plaint : « Mon mari n’a jamaisle temps, il est trop pressé d’arriver à la pénétration ».Une femme évoque la pénétration anale qu’ellerefuse à cause de la douleur provoquée.La pénétration amène la question de l’usage dupréservatif, neuf personnes déclarent l’employersystématiquement et seize de manière inconstanteou jamais. Certains couples témoignent de leur88

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