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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-4Les attitudes en matière de procréationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012lité de choisir le moment. Ils leur proposent de lesaider à faire l’annonce en faisant venir le conjointdans la structure. Les attitudes des femmes enceintesconcernant le partage de l’information sur lestatut VIH varient en fonction des contextes matrimoniauxet des circonstances dans lesquelles ellespensent avoir été infectées par, et des relationsconjugales entretenues préalablement. Les femmesqui sont assurées de n’avoir eu que leur épouxcomme partenaire sexuel lui en parlent sur le champ.« J’ai demandé à l’assistante sociale d’appeler immédiatementmon mari pour le lui annoncer parce quemoi je ne connais que lui ». Sophie, 28 ans mariée, 4enfantsCelles qui se sont remariées après un divorce ou unveuvage, ou qui ont eu d’autres partenaires sexuelsau cours de leur vie, prennent un temps de réflexionavant toute décision. Dans certains cas, elles en informentd’abord leur mère, en discutent avec elle puisprennent une décision. Certaines femmes rapportentfranchement qu’elles ne lui en parleront jamais. Lorsquedes femmes ont des doutes sur le statut VIH deleur conjoint, elles peuvent demander de l’aide auprofessionnel de santé pour connaître le statut de leurconjoint sans lui révéler leur propre statut.« Mon mari est venu à l’hôpital sans connaitre le motifde la visite médicale. Je lui ai juste dit que maintenantsi tu es en état de grossesse ton mari doit faire le testpour voir s’il n’a pas d’autres maladies qui peuventcontaminer l’enfant sans pour autant mentionner lenom du sida. Je le connais c’est un homme dur il peutle prendre mal. Il m’a dit que c’est une très bonnechose. Après le test l’assistante sociale m’a appelépour me dire qu’il n’a rien. J’ai donc décidé de ne rienlui dire, que les résultats sont bons mais qu’on a justedécouvert des anomalies au niveau de mes seins quipeuvent être une entrave pour l’allaitement. Il m’a ditil faut jamais jouer avec l’allaitement aux seins puisquele médecin te l’a interdit. » Fatou, remariée aprèsun divorce, 24 ans, un enfantCertaines femmes estiment qu’elles ne peuvent pasen parler avant le terme de la grossesse dont ellesredoutent l’issue, pour éviter que le conjoint ne «divulgue leur secret dans la famille » alors qu’elles sesentent fragilisées par ce contexte. C’est le cas deFatou, 30 ans, veuve d’un mari décédé 9 ans auparavantd’une longue maladie : elle se remarie avec uncousin de son mari qui n’avait jamais été marié, ilsont deux enfants, c’est lors de la troisième grossessequ’elle est informée de sa séropositivité. Elle décidede ne rien lui dire et d’attendre :« Parce que en ce moment je suis enceinte, j’attendsl’accouchement après je vais lui dire. Il peut divulguerle secret dans sa famille après. Après l'accouchementsi un jour il me dit qu’il a mal quelque part je vaislui conseiller d’aller faire le test. »Certaines femmes, qui ont informé leur conjoint deleur statut sérologique, rapportent les difficultés pourque leur époux fasse le test ou accepte de se soigneralors qu’il est séropositif. Certains époux refusent toutcontact avec les structures hospitalières, alors qued’autres, après l’annonce de la séropositivé de leurépouse ont pu faire le test VIH revenu positif et bénéficierd’un suivi médical et parfois d’une thérapie antirétrovirale.3.1.3. En parler d’abord à sa mèreLa majorité des femmes qui sont mariées et quiestiment qu’elles ont toujours eu des comportementsconformes aux normes sociales font appeler leur mèrepour partager avec elle l’information sur leur statutsérologique. En général, ces dernières leur demandentde ne pas en parler même à leur époux et degarder le secret.« Immédiatement je suis sortie en courant pour appelerma mère pour qu’elle vienne discuter avec elle. Mamaman est venue, je lui ai expliqué et l’assistantesociale lui a dit : “toi seule peux l’aider dans cette situation”.J’ai appelé ma maman parce que c’est elle quim’a éduquée « khamna sama djiko » ce dont je suiscapable ou pas. J’ai été forte avec l’appui de mamaman ».Les mères apportent un soutien actif dans ces contextesmais dans certains cas, elles peuvent les conforterdans le déni de l’infection à VIH ou les amener à suivredes thérapies traditionnelles. Les femmes dont lesmères sont décédées ou ne vivent pas avec elles ouqui auraient eu des comportements sexuels réprouvéspar leur entourage semblent particulièrement vulnérableset seules durant ces moments.3.2. Une prise en charge « spécialisée » desfemmes enceintes séropositives3.2.1. Un suivi spécialiséLes femmes enceintes séropositives qui sont suiviesdans la structure spécialisée enquêtée bénéficientd’une prise en charge spécifique et personnalisée pardes professionnels de santé formés à partir desrecommandations nationales sur la PTME. Au sein decette structure un groupe de professionnels de santé232

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