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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-4Les attitudes en matière de procréationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012d’incidence. Mais moi je pense qu’une femme normaledoit voir ses règles parce que c’est du sang mort quidoit sortir ». 2009, Souky, 28 ans, mère de 3 enfants,a eu deux enfants depuis qu’elle prend des ARV.« Je n’aime pas le planning. Je trouve que c’est uneautre charge. Ce que je prends comme médicamentsme suffit largement. J’ai peur de la piqûre. Une amieme disait après tu perds du sang. Moi je vois toujoursmes règles après l’accouchement. Quand j’ai fait lapiqûre mes règles ont arrêté de venir. Le mauvaissang n’est pas sorti alors avec mon statut, je me suisdit donc ce n’est pas une bonne méthode » 2009,Ami, 46 ans, mère de 7 enfants, a eu deux enfantsdepuis qu’elle prend les ARV.3.4.3. Situation de grossesse résultant des abussexuelsCertaines femmes rapportent des situations d’abussexuels : leurs conjoints les obligent à avoir des relationssexuelles sans protection contre leur gré. Elles rapportentdes violences physiques couplées à un chantage :leur conjoint les menacent de ne plus fournir de ressourcesfinancières pour l’entretien de la famille si ellesrefusent des relations sexuelles sans protection.C’est le cas de Cécile, mariée depuis plus de 15 ans,mère de 7 enfants dont l’un est séropositif. Elle a étédépistée à la naissance de son avant-dernier enfant.Elle suit un traitement ARV, son époux refuse de fairele test VIH, l’oblige à avoir des relations sexuellesnon protégées, et elle a eu une grossesse à la suitede ces relations sexuelles non consenties.« Il est trop agité s’il veut faire l’amour et que je refuseil me donne des coups de poing. Il dit aussi qu’il nepeut pas accepter d’être marié à une femme qui refusede coucher avec lui quand il revient de voyage, je lui aifait comprendre que je ne refuse pas mais il faut prendredes préservatifs. Il refuse de me donner ladépense quotidienne. J’étais obligée d’accepter defaire des relations sexuelles, et je suis tombéeenceinte alors que je ne voulais plus d’enfants. Désormaisje ne lui adresse plus la parole ».3.5. Attitudes des professionnels de santé :des prestataires réticents sur la procréationsouvent mis devant « le fait accompli »Les femmes séropositives interrogées perçoivent desattitudes ambivalentes de la part des prestatairesconcernant leur désir d’enfant et de procréation. Danscertains cas, elles rapportent un partage d'informationssouvent parcellaires, insuffisantes ou contradictoiresconcernant les risques encourus et les stratégiesd’aide à la procréation. Certains professionnelsde santé évitent de répondre à leurs questions oupeuvent adopter un discours répressif en insistant surles risques biologiques pour l’enfant, et d’altération deleur propre santé nécessitant l’évitement ou l’arrêt detoute procréation. Ces informations sont communiquéesde manière imprécise, sans évoquer la proportionexacte liée aux différents risques. Ils réprouventparticulièrement les grossesses survenant dans lescouples où l’information sur la séropositivité VIH n’estpas partagée avec les conjoints, et la multiplicationdes maternités chez des femmes ayant des signesd’altération de la santé ou des antécédents de complicationsobstétricales, ou qui avaient déjà un enfantséropositif. Dans ces cas, ils expriment leur réprobationtotale ou condamnent les personnes impliquéesdans ces situations.Les professionnels de santé enquêtés justifient leurattitude en raison des difficultés économiques etsociales vécues par de nombreuses femmes séropositivesqui éprouvent régulièrement des difficultés àfaire face aux coûts financiers de leurs soins médicauxpour lesquelles elles sollicitent régulièrementleur soutien. Dans ce contexte, ils craignent que laprécarité des mères ne soit renforcée par unenouvelle grossesse et ils les mettent en garde contreune disponibilité insuffisante vis-à-vis des autresenfants notamment si l’un d’entre eux est séropositif.Ils rapportent comment ils sont parfois obligés des’impliquer personnellement tout au long du suivi dela grossesse et lors de l'accouchement de certainespatientes qui les sollicitent lorsqu’elles sont confrontéesà des situations de négligence lors de leur suiviobstétrical. Ils rapportent également plusieurs cas decomplications médicales survenues lors de la grossesseou de l’accouchement nécessitant un suivibiomédical renforcé et un investissement supplémentairede leur part.En raison de ces diverses contraintes, ils répètentinlassablement aux personnes séropositives l'importancede l’utilisation systématique du préservatif voirede l’abstinence sexuelle. Ces attitudes ont souventdissuadé les patients hommes et femmes de partageravec les soignants leurs appréhensions, les contrainteset leurs espoirs dans des projets procréatifs, et ontparfois contribué à entretenir un climat de peur de laprocréation chez les femmes séropositives. Certainesd’entre elles optent pour l’évitement des structuresdes soins spécialisées lorsqu’elles prennent ladécision d’avoir un enfant.238

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