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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE II-3Santé sexuelle : étude exploratoireird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012impossibilité d’utiliser les préservatifs à cause del’instabilité de l’érection du partenaire ; d’autres à caused’un abandon lié à un inconfort, ou des irritations apparaissantchez la femme ou l’homme. A l’inverse,certains couples déclarent employer le préservatiflorsqu’un des partenaires se plaint d’irritations, oulorsque la femme à une leucorrhée (« pert blans »).Enfin, chez certains hommes, il semble que larelation sexuelle se résume à la pénétration vaginalecomme l’affirme l’un d’eux : « J’y vais direct… mafemme, elle ne dit jamais rien et elle ne fait jamaisrien, la femme toucouleur, elle ne réagit pas, elle secouche seulement ».5. DISCUSSIONLes limites de cette étude doivent être soulignées :l’enquête de sexologie clinique concerne un petitnombre de personnes, il est possible que le mode derecrutement ait contribué à sélectionner les patientsqui exprimaient les plus grandes difficultés parrapport à leur santé sexuelle. D’autre part, bien querodés aux processus d’enquête, les participants à lacohorte ANRS 1215 n’avaient pas l’expérience d’uneconsultation de sexologie, il est probable que certainespersonnes n’aient pas osé faire part de leurdifficultés sexuelles. Enfin, il faut rappeler que cetteétude n’a pas pour objectif d’établir une prévalencedes troubles de la sexualité mais de faire apparaîtrela plus grande diversité des plaintes possibles.Trois domaines principaux serontici commentés :• L’inactivité sexuelle concerne 40% des personnesinterrogées avec une différence importante selon lesexe (54% des femmes vs 15% des hommes). Il n’estmalheureusement pas possible de comparer cestaux à celui de personnes de sexe et classe d’âgeéquivalents dans la population générale sénégalaisecar cette information n’est pas disponible. Cetteproportion globale de personnes sexuellement abstinentesest proche de celle décrite dans l’étude marocainequi rapporte des taux d’abstinence de 42%chez les hommes et 48% chez les femmes (El Faneet al 2011:189) chez des personnes dont la duréemoyenne de traitement est de 5 ans ; l’on noteracependant l’écart plus important selon les sexesdans l’étude sénégalaise.Des études réalisées en Afrique rapportent des tauxd’abstention sexuelle plus élevés (53% chez leshommes et 79% chez les femmes en Ouganda[Bunnell et al 2006] ; 52 % au Cameroun [Marcellin etal 2011]) mais ces études concernent le plus souventla pratique sexuelle des trois derniers mois, et lesdurées de traitements ARV sont très courtes (6 moisdans l’étude d’Ouganda, à peine plus d’une année auCameroun), il est possible que ces taux élevés diminuentsur de plus longues périodes d’observation etde traitement ARV.L’inactivité sexuelle des PVVIH traitées par ARV aété décrite dans les pays du Nord : en France, il a étérapporté des taux d’abstinence de 28% pour lesfemmes et 18% pour les hommes, avec une augmentationrégulière de ces taux avec l’âge (pour lesfemmes : 53 % à 50-59 ans, 90 % à 60-69 ans, chezles hommes 27% à 50-59 ans et 41 % à 60-69 ans)(Schiltz et al 2006). En Amérique du Nord diversesétudes ont montré des taux importants d’abstinencesexuelle chez les personnes séropositives, souventliés à un taux élevé de célibat chez les personnesséropositives âgées de plus de 50 ans (78% desfemmes, 36 % des hommes : Siegel & Schrimshaw2003). Mais certaines de ces études sont ancienneset ne s’intéressent pas l’influence des traitementsARV sur ces situations.• L’usage des préservatifs répond à des rationalitésparticulières, trois informations intéressantes sont àretenir :– 90 % des personnes qui ne vivent pas en uniondéclarent l’employer de manière systématique ; l’onpeut interpréter ce taux élevé comme une mise enœuvre des recommandations de prévention de latransmission de la maladie.– 86 % des personnes qui ont un partenaire séronégatif(dont le statut VIH est connu) déclarent utiliserles préservatifs de manière systématique, cela traduitla volonté de limiter de transmission du VIH dans lecouple.– plus de la moitié (54%) des personnes qui vivent enunion reconnaissent ne pas employer les préservatifsde manière systématique ; depuis en moyenne dixans ces personnes sont confrontées à la contraintede l’usage des préservatifs et aux interférences quecela induit dans leur pratique sexuelle. Elles mentionnentdifférentes raisons : certains de ces couplessont constitués de personnes de même statut sérologique; certaines personnes savent – ou pensent –que leur état de immuno-virologique écarte toutrisque de transmission ; enfin, certains couplessouhaitent avoir un enfant.• La crainte de transmettre le VIH est omniprésenteet interfère largement avec la santé sexuelle despersonnes. La crainte de transmettre sexuellement levirus a été décrite chez les PVVIH des pays du Nord89

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