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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-6L’expérience du veuvage dans le contexte du VIHird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012que ce qui a provoqué la suspension de l’aide qu’ellerecevait de son beau-frère :E : C’est dû à quoi (à propos de la mésentente avecses co-épouses) ? Sont-elles jalouses ?Batouly : Non, c’est juste que nous ne nous entendonspas, en plus, elles maltraitent tout le temps monfils alors qu’il est malade. Moi je ne me laisse pasfaire. Alors, elles me traitent de tous les nomsd’oiseaux soi-disant que je ne veux pas me remarieret que je n’ai aucune utilité dans la maison, etc. Monbeau-frère n’a pas de problème, mais ce sont sesfemmes qui le montent contre moi.E : Donc c’est vous qui prenez en charge vos enfants ?Batouly : Non, pas entièrement. Mais c’est moi quiassure leur scolarité. J’ai un garçon et deux fillesjumelles. Maintenant, l’une des sœurs jumellesm’aide grâce à la couture. Avant, c’est mon beaufrèrequi s’en chargeait, mais maintenant, il a toutlaissé tombé. C’est pourquoi j’ai des dettes à l’hôpitalPrincipal. On a même confisqué ma carte d’identitécar je leur dois 240 000 FCFA…La situation de dépendance économique crée uneforme de contrainte relationnelle, voire émotionnelle :l’expression d’une mésentente qui met en dangerune aide peut provoquer une situation financièrementcatastrophique si les autres possibilités d’aide ne sontpas très solides. Cette femme le rapporte aussi :Maguette : Il y en avait un parmi mes demi-frères(menuisier) qui me soutenait de temps en temps,mais à cause de son père, il a arrêté. Il pense quec’est moi qui ne veux pas me marier. Maintenant,même pour assurer le transport de ma fille qui étudieà Guédiawaye c’est un problème. C’est pourquoi jesouhaite me marier.Ces situations permettent de comprendre que la logiqueéconomique est une dimension importante de la quêtematrimoniale : pour les femmes qui souhaitent avoir unstatut décent grâce à des ressources minimales, uneforme d’autonomie dans leurs relations et une sécuritéfinancière, et pour les membres de leur entourage dontelles dépendent actuellement, qui souhaitent se voirallégés du poids de cette aide.L’attitude de la belle-famille depuis le décès duconjointLes femmes que nous avons interrogées sont issueset se sont mariées dans des groupes ethniques patrilinéairesà résidence virilocale. Toutes sauf uneavaient des enfants au moment du décès de leurmari. Trois d’entre elles étaient enceintes au momentdu décès. On peut donc s’interroger sur l’attitude dela belle-famille vis-à-vis de la veuve et des enfants.Les attitudes des belles-familles sont variées. Un remariagepar lévirat a souvent été proposé mais dans laplupart des cas la belle-famille n’a pas cherché à garderles enfants ni la femme au-delà de cette proposition,déclinée par la femme dans la totalité des cas sauf un.Certaines femmes pensent que les liens n’ont pas étémaintenus parce que la famille croit que les enfants sontinfectés, mais ce sujet n’a pas été discuté directement.Maguette : Ils ne se préoccupent même pas de moi.Lorsque mon mari est décédé, j’étais enceinte demon garçon. Il a maintenant 4 ans et ma belle-mèren’a jamais mis les pieds chez moi, et pourtant, ladistance qui nous sépare n’est pas plus loin qu’ici à lagrande porte de l’hôpital. Elle ne se préoccupe mêmepas de mes enfants.Haby: Du côté de ma belle famille, je n’ai pas debonnes relations avec eux. Surtout avec mon beaufrèrequi est aux USA et qui a une maison à Guédiawaye.Ils ne se soucient même pas de leur enfant.C’est moi qui me suis débrouillée toute seule.Quelques cas de spoliation sont explicites :Awentorébé: Moi juste après le décès de mon mari,sa famille est venue tout ramasser. On m’a laisséjuste un matelas alors que j’étais malade et enceintede trois mois.Dans d’autres cas la veuve a gardé de bonnesrelations avec la belle-famille, qui a parfois expriméune forme de regret, sans pour autant apporter unappui à la femme ou à ses enfants :E : Est-ce que vous avez de bonnes relations avecvotre belle famille?Madiara: Oui, ma belle-mère m’appelle de temps entemps ainsi que mon beau frère.Joséphine : Je m’entends très bien avec ma belle-famille.Sa sœur était vraiment gênée lorsqu’elle aappris ce qui m’est arrivé et elle m’a demandépardon, mais je lui ai fait comprendre qu’il n’y avaitpas de problème. Sa maman m’a même dit qu’ellesouhaitait que je me remarie avec un ami de mondéfunt mari, mais je lui ai dit que je n’en voulais plus.E : Est-ce qu’elle connait votre statut ?260

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