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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE II-3Santé sexuelle : étude exploratoireird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012Adama, F, 44 ans, 8 ans de traitement ARV : âgée de44 ans, elle est actuellement veuve, son mari avait étédiagnostiqué en 1995, il est décédé en 1997 ; elle aété diagnostiquée en 1996, elle avait eu deux enfants,l’un est décédé ; elle est traitée depuis 8 ans par ARV ;elle demande des explications sur les « échecs virologiques» dont lui a parlé son médecin, elle affirme sondésir de trouver un conjoint et précise : « J’attends deguérir avant de me remarier ».Mamour, M, 46 ans, 10 ans de traitement ARV : âgéde 46 ans, il résidait en Côte d’Ivoire de 1986 à 1996,il était marié, il a divorcé en 1996 avant de revenir auSénégal ; il a été diagnostiqué en 1999, cela fait 10ans qu’il est traité par ARV ; il vient discuter de sonprojet : il voudrait se marier et avoir des enfants, maisdemande des informations sur les risques de contamination,il craint de transmettre la maladie.L’on retrouve chez ces patients l’expression constantedes craintes de transmettre la maladie et du dévoilementpublic du diagnostic. Ces deux craintes sontpartagées par la plupart d’entre eux, elles contraignentcomplètement toutes les relations sociales, notammentdans le domaine de la sexualité.L’expression du désir d’enfant et la recherche deconseil permettant une grossesse en toute sécuritéont été mentionnées par neuf consultants (4 femmeset 5 hommes) ; à deux reprises les deux membres ducouple sont venus ensemble pour discuter de cettequestion.Les désirs d’enfants répondent à des logiques complexes,tant chez les femmes que chez les hommes(cf. chapitre 14). Ces désirs insatisfaits conduisent àdes parcours médicaux compliqués, à une multiplicationdes consultations, des demandes d’avis,d’examens médicaux, mais aussi de recours à desguérisseurs. L’insuccès installe les personnes dansdes schémas dépressifs chroniques.Les cinq femmes qui sont venues chercher des informationssont âgée de 38 à 41 ans, elles sont traitéespar ARV depuis 6 à 11 ans, toutes ont déjà eu desenfants, trois d’entre elles lors d’unions antérieures,certains de ces enfants sont décédés. Elles sont maintenantremariées dans des ménages polygames endeuxième ou troisième épouse et sont confrontées àune stérilité secondaire. L’une attribue cette stérilité autraitement, une autre affirme au contraire que « lesARV m’ont donné de l’espoir pour avoir des enfantsune troisième affirme ne pas comprendre car elle a eu5 enfants avec son premier mari, et n’emploie pas depréservatif depuis 3 ans avec son nouveau mari, sanssuccès. L’infertilité blesse profondément ces femmes,l’une d’elle en pleure pendant la consultation, une autreest connue pour en avoir parlé à tous les membres del’équipe médicale (médecins, infirmier, assistantssociaux, médiateurs associatifs). Cette situation retentitdirectement sur leur pratique sexuelle : « Je veux unenfant mais je n’ai plus de désir sexuel » confie l’uned’elle ; les autres femmes rapportent aussi une dégradationde leur sexualité et l’absence de désir sexuel.La multiplicité des recours thérapeutiques apparaîtclairement comme une réponse à l’angoisse d’unestérilité définitive. Et c’est dans le registre de laréponse à l’angoisse qu’il faut interpréter la demandede consultation d’un couple dont les deux membressont séropositifs, traités depuis une dizaine d’annéespar ARV, qui ont déjà eu une grossesse médicalementaccompagnée, qui a donné naissance à un enfantséronégatif actuellement bien portant. Ces personnesont un haut niveau de connaissance sur les aspectsmédicaux concernant la grossesse et le VIH, ilsconnaissent très bien les principaux services et intervenantsdisponibles au Sénégal dans ce domaine,mais s’adressent tout de même à la sexologue qu’ilsn’avaient jamais rencontrée.Les cinq hommes qui ont justifié leur consultation ensexologie par un « désir d’enfant » sont âgés de 38 à 51ans, ils sont traités par ARV depuis 9 à 12 ans, et tousvivent dans des unions récentes. Un seul affirme avoireu des enfants d’un précédent mariage. L’un d’euxtémoigne d’un divorce à l’initiative de son épouse àcause de l’infertilité de couple. Tous ces hommes seplaignent aussi de dysfonctions érectiles. Pour ceshommes, et de manière comparable aux femmes, cetteinfertilité rejaillit sur leur perception de la sexualité ; tousaffirment une dégradation de leur sexualité, une baissede désir et d’excitation sexuelle. Deux hommes lientdirectement cette infertilité au VIH : l’un affirme « Je saisque je ne peux pas avoir d’enfant car mes taux de CD4sont trop bas » ; l’autre, à propos de son érection insuffisantejuge « que c’est dû à la maladie » et exprime aussila crainte de transmettre la maladie.L’insatisfaction sexuelleLa quasi totalité des personnes venues en consultation(25/29) se plaignent d’une insatisfaction sexuelle,exprimée comme principal motif de consultation partrois femmes et quatre hommes, mais le plus souventassociée à d’autres plaintes ou symptômes.Cette insatisfaction est parfois attribuée au conjoint :Adja, F, 48 ans, traitée depuis 9 ans, conjoint séropositifâgé de 60 ans, le mari veut porter des préservatifs86

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