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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-2Le partage du statut sérologique avec l’entourageird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012restreinte du « partage » du statut VIH que les étudesmenées en français – et ceci probablement demanière implicite, ces aspects linguistiques n’étantpas discutés dans la littérature mentionnée plus haut.De plus, il n’existe pas d’outil validé de mesure du« partage » en français. Il est donc possible que lestaux d’annonce obtenus soient plus élevés dans lesétudes conçues en français pour des raisons méthodologiques.Cette observation est à inclure dans la« nébuleuse des déterminants » du partage du statutsérologique.7. CONCLUSIONLes connaissances disponibles sur le partage du statutsérologique en Afrique sont fragmentaires et hétérogènes.Les études montrent des résultats très variés,notamment pour ce qui concerne le taux de « partage »du statut sérologique avec un partenaire. Jusqu’àprésent les modèles théoriques ne sont pas parvenusà rendre compte de manière claire des déterminantsdu partage, ni à expliquer la diversité des taux, probablementdu fait de la multiplicité des facteurs en jeu.Ceci tient notamment au fait que les analyses ontsurtout considéré les facteurs individuels qui conduisentà partager ou pas son statut VIH. Ceci peut êtreanalysé comme témoignant de l’influence d’une approcheindividualisante courante en épidémiologie, etfavorisée par la culture scientifique des études sur leVIH marquée par la notion de rationalité des choix (duHealth Belief Model aux études KABP). Or les résultatsde méta-analyses laissent penser que les pratiques departage du statut dépendant largement de déterminantsstructurels tels que le fait que le diagnostic VIHcorresponde à une « mort annoncée » ou à une perspectivede maladie chronique, l’existence d’un accèsaux ARV et la possibilité que la personne à laquellel’information est annoncée puisse elle-même faire untest et accéder à un traitement. Ainsi, les résultatsd’études menées dans des contextes d’accès effectifau traitement ARV semblent apporter une informationqui ne peut être comparée à d’autres contextes sansaccès. D’autre part, les résultats d’études menéesauprès de femmes diagnostiquées dans le cadre de laPTME ne paraissent pas comparables à ceux d’étudesmenées dans les populations mixtes de personnesincluses dans des programmes de traitement curatif.La difficulté à dégager des notions cohérentes desétudes menées jusqu’à présent tient probablement enpartie au fait que la majoité des études sur le partagedu statut ont été menées dans le cadre de programmesde PTME, qui ne considèrent que les femmesdans une situation où le partage du statut pose desproblèmes particuliers.Notre étude a donc pour mérite d’apporter des informationsconcernant une population mixte, homogènevis-à-vis du traitement antirétroviral, n’ayant pas subi depression au partage avec le partenaire, hors du contextede la PTME, et pour laquelle un partenaire informépouvait accéder au test de dépistage et au programmede traitement. Le recul sur dix ans est un autre atoutméthodologique de l’étude.Dans notre population d’enquête l’annonce du statutsérologique s’est faite principalement au début dusuivi, en majorité la première année du traitement.Ceci tient en partie à des déterminants structurels : lesmotifs de partage évoqués étaient les bénéfices attendusen termes de soutien financier ou psycho-affectif,mais aussi une volonté de protéger la personne aveclaquelle le statut pourrait être partagé. Par la suite,lorsque la contrainte finnacière a été levée à partir de2003, les motivations de partage ont évolué et ontsuivi d’autres déterminants. L’annonce n’obéit plusseulement à une logique à court terme et utilitaire. Deplus, le besoin de partager n’est plus perçu commeaussi important qu’avant. C’est particulièrementperceptible dans les couples : le partage n’obéit passeulement au fait d’avoir été bien informé et d’avoirdes « besoins » d’appui psychologique ou matériel,mais dépend aussi de la proximité entre partenaires etde l’engagement du couple.La proportion élevée de patients qui conservent lesecret autour de leur maladie, y compris auprès de leurconjoint, témoigne d’un autre déterminant structurel quin’a pas la même dynamique que l’accès au traitement :la persistance du caractère stigmatisant de l’infection àVIH. Cependant le fait de ne pas partager leur statutsérologique n’a pas eu de graves conséquences pourles patients, les conséquences potentielles en termesd’isolement ont pu être en partie paliées par une relationsoignant/soigné de confiance. Mais ces observationsrévèlent la nécessité de renforcer et d’adapter le moded’accompagnement des personnes sous traitementpour assurer la prévention de la transmission sexuelleauprès de personnes prises en charge à long terme.Au vu des données recueillies, l’acte de partager et lechoix de la personne avec laquelle on partage apparaissentétroitement liés, et semblent résulter d’uneconvergence de plusieurs logiques et plusieursinfluences :- la logique des bénéfices attendus et des difficultés etinconvénients pressentis (logique des choix rationnels)- la logique de la protection individuelle ou familialecontre le stigmate, qui impose de préserver unespace de confidentialité à « géométrie variable »selon les cas210

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