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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE III-3Perception du risque de transmission et sexualitéird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012Dans les pays du Nord, divers organismes ont émisdes recommendations précises sur les nouvellesstratégies de prévention à l’ère des ARV. Si la déclarationde Michel Sidibé qui reconnait les effetspréventif des ARV sur la transmissibilité du VIH peutêtre à l’origine d’une plus grande mobilisation surces aspects, peu de recommandations précises desanté publique ont été publiées dans les pays duSud. La crainte des professionnels de santé despays subsahariens est de faire écho à la déclarationsuisse, perçue comme peu applicable dans cescontextes sanitaires et qui risquerait d’anéantir desannées d’information sur la nécessité de protectionlors des relations sexuelles pour les personnesséropositives, comme pour la population générale.De plus, la majorité des structures sanitaires deprise en charge des PVVIH ne disposent pas deséquipements et du personnel qualifié pour lemesure de la charge virale. Le monitoring despatients sous traitement repose surtout sur laclinique et le dosage des CD4. Ces limites justifient-ellesles difficultés de prise en compte del’impact des traitements ARV sur les comportementspréventifs du sida des patients séropositifs etde la population en général ?L’expérience des patients sénégalais renseigne surla complexité de l’impact des antirétroviraux sur laprévention de la transmission sexuelle du VIH despersonnes séropositives. La diffusion non maitriséedes informations issues de la déclaration suisseentre en résonance avec les besoins grandissantd’une sexualité et des désirs d’enfants des patientsséropositifs, conformément aux normes socioculturelles.Lors des entretiens menés à la fin de l’année 2008,quelques patients, le plus souvent des dirigeantsd’associations de PVVIH nous ont rapporté des informations,ou simplement des rumeurs, qui circulent ausein des associations basée sur la déclarationsuisse. Elles font état de la baisse de la transmissibilitésexuelle du VIH pour les patients sous ARV.Selon ces responsables, les médecins ne veulentpas communiquer ces informations aux patients parcrainte de favoriser des relations sexuelles nonprotégées entre personnes séropositives. Certainspartagent ces craintes, tout en désirant ouvrir ledébat sur ces aspects. D’autres estiment que ladéclaration ne fait que confirmer leurs perceptions etleur vécu de se sentir comme « tout le monde » et depouvoir avoir des relations sexuelles non protégéessans risquer de transmettre le virus. Aucune despersonnes interrogées n’a des connaissances précisessur le contenu de cette déclaration.5. CONCLUSIONLes patients traités par ARV au Sénégal considèrentque « ces médicaments sont puissants, [qu']ils bloquentle virus » et réduisent les risque de transmissionsexuelle. Cette représentation s'est élaborée à partir deleur expérience personnelle (l'impact du traitement surleur santé) ; elle s'est trouvée confortée par la naissanced'enfants séronégatifs de mères séropostives recevantdes ARV ; elle s'appuie aussi sur les discours médicauxsur l'indétectabilité du virus dans leur sang.Dans un contexte social qui valorise le mariage, lapolygamie et les familles nombreuses, le célibatprolongé ou l’absence de procréation, chez de jeunesadultes en apparente bonne santé, fait désordre. Lespatients sous ARV perçoivent un risque de disqualificationsociale parfois plus élevé que celui lié à la transmissiondu VIH ; soumis à des pressions d'ordresociale, économique et/ou à leur propre désir,plusieurs patients ont testé diverses stratégies pourminimiser les risques de transmission du VIH, tout enmaintenant une bonne observance et un suivi médicalrigoureux. Les informations issues de la déclarationSuisse confortent les patients dans ce processus.Le mutisme des professionnels de santé sur cesquestions favorise la désinformation, le flou, la suspicionet les prises de risques. La diffusion d'informationsprécises sur l’état des connaissances surl’impact des ARV sur les risques de la transmissionsexuelles du VIH, les conditionnalités de la déclarationsuisse et l’impact sur les comportements préventifssont urgents en Afrique subsaharienne. Le renforcementdes plateaux techniques de suivi des patientspermettant le monitoring régulier et approfondis despatients sous ARV doit également être envisagé. Unappui biomédical au désir d’enfant et un accompagnementde la sexualité adapté aux normes socioculturellesdoit être renforcé.6. BIBLIOGRAPHIE[1] Cohen MS, Chen YQ, McCauley M, et al. Prevention of HIV-1infection with early antiretroviral therapy. New England Jour-nal ofMedicine. 2011 Aug 11;365(6):493-505[2] Baeten J Antiretroviral Pre-Exposure Prophylaxis for HIV-1prevention among heterosexual African men and women: thePartners PrEP Study. Sixth International AIDS Society Conferenceon HIV Pathogenesis, Treatment and Prevention, Rome, abstractMOAX0106, 2011[3] Anton P et al.,«RMP-02/MTN-006: A Phase 1 PlacebocontrolledTrial of Rectally Applied 1% Vaginal TFV Gel with Comparisonto Oral TDF», CROI 2011, Abstract # 34LB151

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