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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-6L’expérience du veuvage dans le contexte du VIHird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012ou un fils de la femme, ou dans un cas par un frère dumari défunt. Il peut s’agir d’une ou deux chambresdans la cour de ces derniers : comme les revenus,l’espace habité n’est pas totalement distinct de celuide l’aidant. D’autre part le logement reste précaire,en phase avec la situation du logement pour les catégoriessociales ayant les revenus les plus faibles àDakar : une des femmes (Soda) propriétaires de leurlogement, qui a entre quatre et six personnes àcharge et seulement son petit commerce commesource de revenus, a dû être hébergée car la maisondont elle est propriétaire en banlieue s’est écroulée àcause des inondations. Enfin dans d’autres cas(comme Maty), la femme dépend totalement desrevenus des enfants qui vivent avec elle, ce qui nepermet pas de qualifier sa situation d’autonomie.Parmi ces 29 femmes, seulement trois ont des revenusconstants sous la forme d’un salaire (Nini,Mame, Joséphine) ; elles sont toutes âgées de plusde 50 ans ; elles ont respectivement trois, neuf etquatre personnes à leur charge. La majorité desfemmes ont une activité (petit commerce, petitrestaurant, lingères, broderie) qui leur procure unrevenu limité. Certaines reçoivent des aides régulièresde leurs enfants adultes ou de leurs frères,notamment quand ils vivent à l’étranger ; d’autressont aidées de manière moins régulière ou demanière exceptionnelle, par exemple pour faire faceaux dépenses de santé. Quelques femmes ne reçoiventpas d’aide à titre personnel et sont prises encharge pour les besoins de base par « leur mère »,c’est-à-dire qu’elles sont incluses avec leurs enfantsparmi les personnes qui dépendent du foyer comprenantplusieurs générations. Ces femmes se retrouventdonc dans une situation de dépendance vis-àvisdes personnes de leur famille qui ont un revenu-ascendants, descendants ou collatéraux.La plupart des femmes évoquent leurs difficultés àsubvenir aux besoins de leurs enfants avec leursrevenus très limités :Daka (6 enfants à charge) : C’est vraiment dur. Tu astoutes les charges des enfants. Parfois tu es laisséeà toi-même.Salamata (5 enfants à charge) : Oui, moi aussi je medébrouille avec la broderie. Je vends des pagnes.Mes enfants n’ont pas encore trouvé de travailgaranti. Avec la cherté de la vie, l’électricité, ce n’estpas facile de joindre les deux bouts.Les associations permettent de faire face à certainesdépenses concernant les enfants, comme la scolarité,dans le cadre de programmes associatifs pourles enfants « OEV » entre 8 et 18 ans (aides de SidaService, And Deggo, Jamra, l’Arabie Saoudite, « labourse du Fonds Mondial ») (6) .Mais ces prises en charge sont limitées à environ10000 FCFA par mois. D’autre part les femmes quien profitent sont peu nombreuses. C’est cependantimportant pour elles car ces aides permettent à leursenfants de faire des études.Par ailleurs la marge est étroite entre maintenir ceque l’on considère comme essentiel et perdre desappuis du fait d’une autonomie apparente.Holèl : Le plus dur c’est, comme ce qui m’est arrivé,ton mari meurt sans te laisser un toit. Dès le 10 dumois, tu commences à perdre le sommeil à cause duloyer et c’est la situation dans laquelle se trouvent laplupart des veuves au Sénégal. Mes parents ne mesoutiennent pas, ils pensent peut-être que je ne suispas dans le besoin parce que je suis tout le tempspropre et correcte alors que je peux rester parfoissans avoir quelque chose à mettre sous la dent...c’est vraiment dur surtout lorsque tu n’a pas demaison et que tes enfants ne travaillent pas. On faitjuste avec parce que la vie est ainsi faite, il y a deshauts et des bas…Les liens d’interdépendance économique donnentune autre dimension à la vulnérabilité des femmes.Ainsi, les femmes dont les enfants deviennent adultesespèrent que le sens de l’aide va s’inverser etqu’ils vont pouvoir les aider, mais la situation économiqueglobale ne garantit pas cette amélioration etles difficultés associent plusieurs générations, lesflux ne suivant pas toujours les normes sociales.Ainsi pour cette femme, qui ne peut aider ses filsadultes que grâce à l’aide de sa fille ainée :Haby : Les difficultés sont nombreuses et diverses àcause de la conjoncture. On se rend compte que lesfilles sont devenues plus utiles que les garçons. Lesgarçons ont plus de problèmes. Surtout si tu vis avectes enfants et leurs femmes. S’ils n’arrivent pas àjoindre les deux bouts, tu es obligée de les aider pouréviter des tensions au sein de leur couple. Moi parexemple je n’ai pas de mari. Je vis avec mes enfantsmais ils n’ont pas un travail fixe. C’est ma fille mariéeau Fouta qui assure les dépenses de la maison. Ellefait du commerce.(6) Termes employés par les personnes interrogées258

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